La soupe à la châtaigne
Datte: 05/08/2024,
Catégories:
Entre-nous,
Hétéro
Auteur: SarahG, Source: Hds
La soupe à la châtaigne
« C’est si bon… »Une larme a presque coulé sur sa joue. Elle aurait eu la forme charnue d’une châtaigne, une châtaigne translucide et minuscule qui aurait roulé jusqu’à devenir un souvenir de forêt.
La cuisine est plongée dans la chaleur moite de la soupe en train de cuire. Sur la buée qui colle à la vitre, je dessine un visage souriant, deux points pour les yeux, un demi-cercle pour la bouche.
Ta bouche à toi me tente, à l’autre bout de la pièce. Elle n’est pas si loin, mais elle est occupée à boire la soupe que j’ai versée dans ton bol. Alors je retourne aux fourneaux pour me servir aussi. D’abord la soupe, ensuite ta bouche.
Qu’il est bon de m’asseoir à côté de toi, sur un tabouret bancal, dans cette pièce minuscule où nous avons chaud d’être jeunes et affamés. Tes cheveux noirs tombent sur ton front, à cause d’un reste de pluie que tu n’as pas voulu éviter. Tes mains en coupe autour du bol ne me semblent pas au bon endroit. Je les veux sur mes seins. Je voudrais que tu regardes ma poitrine avec le même désir serein, celui qui brille dans tes yeux lorsqu’ils se posent sur la surface ambrée. Je veux que tes doigts en pincent l’extrémité, que tu apprécies à quel point ils sont durs et tendres à la fois.
« Tu ne manges pas ? »Non, je ne mange pas, parce que j’ai envie de toi. Je sais bien pourtant que je t’aurais plus tard, alors je te souris et je commence à boire ma soupe moi aussi. Tu sais bien pourquoi je ne parle pas.
Tu ...
... commences ensuite à faire la vaisselle. Comme ça me paraît trivial, de te regarder faire la vaisselle parce que j’ai cuisiné pour toi. L’inclinaison de ta nuque où je vais poser mes lèvres. Sur ton dos, la chemise que tu avais déchirée dans les ronces. La coupe de ton pantalon ne me laisse pas bien voir tes fesses. Je sais qu’elles sont fermes. Musclées. Que tu frissonnes si je les caresse doucement. Autour de toi, comme dans une nature morte, traînent des épluchures de pomme de terre, des coquilles de noix abandonnées, de la vaisselle. Sur mon tabouret, je croise les jambes pour t’attendre. La pression fait gonfler mon clitoris. Je sens déjà tes bras autour de moi, et c’est délicieux de savoir qu’après avoir eu aussi froid, nous serons bientôt l’un contre l’autre, le ventre plein, l’un dans l’autre, nos bouches jointes.
Quand tu te retournes, tu essuies tes mains avec une lenteur délibérée. Tu t’adosses contre l’évier et tu me regardes en silence. Dans ma main gauche, je fais rouler un marron.
Soudain tu es sur moi. Tu tiens mon visage comme s’il allait t’échapper, comme si j’allais te repousser. Comme si je ne voulais pas ce baiser. Il me nourrit pourtant plus que tout ce que je ne pourrais jamais avaler. Le velouté de tes lèvres me fait penser à une tomate, mes dents mordillent cette chair délicate et tendre dont le sang pourrait jaillir. Quand ma langue s’engouffre contre la tienne, je sens un reste d’épice.
Tes mains glissent dans mon dos, autour de ma taille. Les ...