1. Mes vacances en Italie


    Datte: 14/06/2024, Catégories: Première fois Auteur: GM34280, Source: Hds

    ... petite cour intérieure.
    
    Je n’ai pas trop compris le sens de l’enseigne, mais apparemment c’est artisanal. Mes souvenirs d’enfant plein la tête, j’entre en souriant.
    
    A peine à l’intérieur, je suis comme happée par l’ambiance très particulière qui m’entoure. Des pantins de bois s’enchevêtrent sur des établis ou sur des petits meubles d’enfant. Rien n’est rangé ni étiqueté. Des Blanche-Neige et des Pinocchio partout, le magasin ressemble plus à l’atelier d’un doux dingue qu’à une manufacture commerciale. Derrière un établi travaille un homme recourbé, sans doute le fameux « Gépetto ». Il semble occupé par son travail tout en écoutant la radio diffusant de la musique italienne en sourdine.
    
    Grisonnant et le cheveu court, il astique au papier de verre une pièce de bois allongée, un pied de table sans doute. Plantée devant ce menuisier, je tousse doucement pour me manifester. Je souris lorsque l’homme relève la tête, surpris et désolé d’avoir ignoré sa charmante cliente.
    
    Concentré sur sa tâche, il ne doit pas non plus avoir beaucoup de visites dans cette rue à l’écart du flux touristique. Proche de la soixantaine, il paraît grand et large d’épaules, depuis qu’il se tient debout devant moi, je m’aperçoit rapidement qu’il ne correspond pas tout à fait à l’image que je me faisait du papa de Pinocchio. De plus, des lunettes de soleil masquent de façon surprenante une partie de son visage. Les bras ballants lui confèrent une posture statique qui m’intrigue.
    
    - Je… euh ...
    ... !
    
    - Française. Parlez sans crainte, jolie dame, je le parle couramment.
    
    - C’est magnifique ce que vous faites.
    
    - Si vous le dites… Et encore, tout n’est pas exposé. Mais tout d’abord, bienvenue dans mon humble boutique...que me vaut l’honneur de votre venue ?
    
    Rassurée de pouvoir parler en français, je suis toutefois troublée par le charisme un peu mystérieux de cet inconnu, par cette étrange raideur du corps et du port de tête. Perdue dans mes pensées, j’imagine voir Luigi, nu devant moi, et moi à genoux en train de le sucer.
    
    - Madame… Vous rêvez ? Que puis-je faire pour vous ? C’est bien français comme je dis, non?
    
    La réalité me rappelle brusquement à mon esprit.
    
    - Pardon, oui, euh… Je souhaiterais acheter un Pinocchio mais je vois que vous faites aussi d’autres sculptures…
    
    Passées les explications des différents modèles, le choix du Pinocchio a été relativement rapide. Mais je suis surtout très intéressée par d’autres objets, lesquels sont eux parfaitement alignés sur les étagères.
    
    - Excusez-moi Madame de vous le demander dès à présent, mais pouvez-vous me dire comment vous compterez régler ?
    
    - Par carte Visa, cela vous convient-il ?
    
    - Parfait ! C’est-à-dire qu’étant non-voyant, je ne peux vérifier les chèques, mais la carte Visa, c’est parfait.
    
    Aveugle, évidemment, il est aveugle. Ça explique les lunettes noires ainsi que le maintien du corps très vertical. La démarche également, maintenant que je l’examine, n’est pas dans l’anticipation. ...
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