1. Des jalons


    Datte: 08/06/2024, Catégories: fh, caférestau, amour, Transexuels hgode, hsodo, jouet, confession, policier, Auteur: Samir Erwan, Source: Revebebe

    ... dernier était avec un groupe de trois-quatre amis et attendait le début d’un concert à deux pas de la terrasse. J’étais ce gérant du nouveau magasin de disque qui venait d’ouvrir, les discussions allaient bon train sur la culture, sur les nouveautés musicales, sur les changements possibles dans la société. Malika participait et je la trouvais régulièrement vraiment pertinente. Elle avait une vision précise des choses.
    
    Elle avait les cheveux mi-longs, noirs, glissés sur un côté de sa tête, laissant une épaule découverte. Elle portait un mince pull blanc à bretelle, et sa peau hâlée se distinguait clairement. Des yeux sombres, verts, perçants sous des sourcils arqués, un nez tout fin, des lèvres charnues, corail. Un demi-sourire en me regardant, le menton appuyé sur son poing.
    
    Carl discutait avec Max, Malika était dans une solitude en bout de table, moi aussi, de l’autre, elle m’a fait un signe de la tête de deux rapides coups à droite, je lui ai répondu d’un signe de tête aussi, de haut en bas. Elle s’est levée, a salué tout le monde, est partie simplement. J’ai donné de l’argent à Max pour qu’il règle pour moi et j’ai marché dans la nuit, dans la direction qu’elle avait prise.
    
    Je ne savais où j’allais, j’allais seulement la retrouver et qui sait ce qui se passera, me disais-je. En vérité, elle m’a surprise. Je ne pensais pas qu’une telle fusion sexuelle pouvait jaillir si rapidement. Nous n’étions plus tout jeune, Malika et moi – la quarantaine tous les deux –, ...
    ... mais nous connaissions les corps, nos corps, et avons connu celui de l’autre en trois nuits. C’est seulement au matin de la troisième nuit qu’enfin, nous avons pris un petit déjeuner ensemble. Et que nous nous sommes dit nos prénoms. J’ai toutefois menti lorsque nous avions résolu à nous dévoiler : j’ai utilisé mon nom de gérant du magasin Ninatta musica, et non mon vrai nom.
    
    Après le p’tit déj, elle m’a souri, a passé sa main dans mes cheveux longs, puis m’a embrassé tendrement. J’étais à l’heure au magasin de disques, la caisse enregistreuse connectée, les commandes à faire en attente. J’observais par la vitrine les passants se presser, et toutes leurs vies m’hypnotisaient. Le soleil était bon, les oiseaux chantaient et Stéphane le collègue m’a rappelé à l’ordre, avec humour.
    
    — Eh ! C’est pas parce que t’es le proprio que t’as le droit de glander !
    
    Avec un soupir, j’ai ramassé le courrier, ai déplacé un coffre de disque CD en rabais, puis me suis dirigé derrière le comptoir, en attente de clients. Stéphane le collègue a rigolé en me voyant appuyer mon menton dans la main, rêveur :
    
    — Tu n’as pas beaucoup dormi, toi…
    
    Je ne pouvais nier, ça faisait trois nuits que je ne dormais pas. Je me suis donc excusé :
    
    — Tu peux tenir la boutique ? Je vais rentrer, je crois.
    — Pas de problème !
    
    Je me suis caché dans mon appartement loué par le Service, dans lequel s’entassaient encore de nombreuses boîtes de disque vinyle de groupes des années 70 que j’avais rachetés à ...
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