1. Des jalons


    Datte: 08/06/2024, Catégories: fh, caférestau, amour, Transexuels hgode, hsodo, jouet, confession, policier, Auteur: Samir Erwan, Source: Revebebe

    ... Malika et moi avions fait une offre d’achat pour l’appartement. Nous étions au 15 du mois, nous avions souligné au vendeur vouloir nous y installer au premier du mois prochain. J’avais joué le jeu jusqu’au bout – au final, j’avais bien envie de vivre et de m’installer avec elle –, mais si le Service refusait simplement ma demande « d’aveu de métier » à Malika, je devrais commencer à réfléchir pour me dépêtrer de la situation.
    
    Il y avait désormais un fouillis dans ma tête. De plus, bien que Malika prenne certaines initiatives que j’adorais – me prendre en levrette avec son gode-ceinture en particulier, ou simplement en m’insérant un gode avant que je ne la pénètre – bien que mon plaisir prostatique soit assouvi, lorsque je me regardais dans le miroir, j’y cherchais Milly, quelquefois. Alors je déambulais dans ma chambre, ou dans celle de Malika lors de ses absences, j’ouvrais les tiroirs, je touchais et admirais les sous-vêtements. Un matin, après m’être brossé les dents, je me suis surpris à vouloir m’appliquer du rouge à lèvres. J’ai laissé le tube sur le comptoir, me ressaisissant. J’entretenais cependant mes cheveux. Je les coiffais toujours en chignon de samouraï, ça correspondait à ma couverture de gérant-artiste de magasin de disques. Quand je me retrouvais seul, je les peignais longuement sur le côté et me regardant dans le miroir. Milly me faisait un clin d’œil.
    
    Je me suis fait percer les oreilles. Mon rôle de connaisseur de musique underground qui s’habille en ...
    ... look grunge me donnait la possibilité de porter des boucles noires, de style punk. Un soir plus tard, j’ai fouillé dans les bijoux de Malika. J’ai trouvé de fines parures en or ou en argent qui ne déplairaient pas à Milly.
    
    J’avais dit à Malika ne plus avoir besoin de me travestir « pour l’instant ». Justement, le temps passait.
    
    Et Malika m’a fait une superbe démonstration d’amour, un soir, à mon retour du Ninatta musica. Ma compagne avait passé la journée chez elle, à lire, à préparer ses cours, à écrire et j’ai été la rejoindre pour partager la soirée et la nuit, comme toujours depuis notre repas à l’Aperitivo. Elle m’a accueilli avec un verre, un baiser, des sourires, une complicité. Nous nous sommes assis sur sa petite terrasse en nous projetant sur notre prochaine acquisition. Elle devait y réfléchir depuis un certain temps déjà, car elle m’a demandé à brûle-pourpoint, alors que chantaient les oiseaux et se couchait le soleil :
    
    — Ne t’es-tu pas venu à l’idée que nous pourrions passer encore du temps ensemble, Milly et moi ?
    
    J’ai failli m’étouffer, surpris.
    
    — Euh, je n’y ai jamais vraiment pensé…
    — Et maintenant que je t’en parle, quand penses-tu ?
    
    Malika me regardait franchement, sa proposition était sérieuse, j’étais estomaqué, tout ce que je pouvais faire, c’était essayer de bégayer, essayer de prononcer des mots, des phrases, de mettre mes idées à l’endroit, à l’envers : comment était-ce possible que Malika me comprenne si bien alors que tout au long ...
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