1. Gully Waer et Lil-y Puthe


    Datte: 15/05/2024, Catégories: fh, Collègues / Travail pénétratio, délire, Humour fantastiq, Auteur: Roy Suffer, Source: Revebebe

    Gérard Maréchal était un savant maudit, comme ces artistes qui n’ont pas réussi, ou du moins que le monde de l’art n’a pas reconnus. Lui c’était la communauté scientifique qui l’avait rejeté. Surdoué depuis l’enfance, qu’il avait passée d’école en école tant son insolence et son agitation le rendaient insupportable. Il avait obtenu le bac S à treize ans sans même s’en rendre compte, comme l’un des nombreux tests qu’on lui faisait passer, et l’université ne l’intéressa que lorsqu’il put y rencontrer quelques chercheurs réellement en pointe. Il les impressionna vite par son sens aigu des mathématiques appliquées, revisitant leurs calculs pour les simplifier par d’étonnants raccourcis qui, une fois écrits, semblaient tomber sous le sens. En quelques mois il atterrit au CERN, près de Genève, où il se frotta à la communauté scientifique européenne. Se frotter est bien le mot, c’est-à-dire que tout ne se passa pas exactement comme il l’aurait souhaité.
    
    Pour lui, intelligence signifiait ouverture d’esprit. Or il se heurta à des savants très soucieux de propriété intellectuelle, de patriotisme également, tous bien plus vieux que lui et avec des parcours bien plus laborieux. Ils prirent donc à rebrousse-poil ce jeune prétentieux qui débarquait en voulant tout savoir y compris leurs petits secrets, et qui de plus semblait vouloir leur en remontrer. Notamment, il développait à qui voulait l’entendre que l’on ne comprendrait la matière qu’au travers des « trous noirs » et non pas en ...
    ... tentant de l’éclater en particules de plus en plus petites, ce qui était malgré tout le but du colossal accélérateur de particules européen. Comme en plus ces savants étaient chouchoutés par l’administration de l’organisme et les politiques de leurs pays respectifs, il n’obtint pas les financements qu’il souhaitait, pourtant dix fois inférieurs à ce qui était dépensé, pour développer sa théorie et ses travaux. Au bout de trois ans, il claqua la porte avec fracas, c’est-à-dire qu’il livra à la presse spécialisée les raisons de son départ avec la même insolence dont il avait toujours fait preuve.
    
    Quand un type de ce calibre, déjà célèbre par son parcours atypique, fait un scandale et se retrouve, de fait, « à la rue », il existe toujours quelques vautours pour profiter de la situation. Et comme Maréchal était aussi peu méfiant qu’intelligent, il ne s’étonna même pas qu’une noria d’hommes en costumes sombres tente de l’approcher pour lui faire des propositions mirifiques. Peu importe d’où ils venaient, qui ils représentaient. Pour lui, l’essentiel était que ses compétences soient reconnues, que ses théories intéressent et qu’on lui donne les moyens de les développer. Il accepta donc la proposition qui lui semblait la meilleure et se retrouva quelques mois plus tard sur une île privée de Norvège, à la tête d’un petit centre de recherche où il avait toute liberté et tout le financement qu’il souhaitait. Certes, le climat était parfois rude, l’hiver désespérément long et sombre, ...
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