L'amour sous une lune pleine - Histoires de Sexe

L'amour sous une lune pleine

... prendre. La jeune femme vit le bras de sa compagne accroché au corps du fauve tandis que sa main libre plongeait la lame de silex dans la gorge du lynx. Un lynx énorme qui poussa une plainte affreuse avant de se dégager de l’étreinte de son adversaire. La bête, au sol, fit un bond vers la chasseresse et lança sa grosse patte droit devant lui. Tara n’eut pas le temps d’esquiver l’attaque et Glynis se précipita vers elle, brandissant son bâton de marche tout en hurlant comme possédée par un esprit du monde obscur. La diversion provoquée par la soigneuse sauva la chasseresse Ouroukos d’une situation devenue précaire, mais elle n’eut rien d’autre à faire qu’à regarder le lynx reculer lentement, avant de se détourner comme subitement devenu dédaigneux de son adversaire.

Le fauve était parti quand la rousse rejoignait la brune.

— Tara ! Oh mère de tout… Tu es blessée… Tu…
— Tu lui as fichu une sacrée peur… avec ton bâton !

Allongée sur la roche en bordure de la cascade, la chasseresse Ouroukos, mâchoires contractées, essayait d’oublier la douleur. Les doigts de la soigneuse écartaient les plaies zébrant sa cuisse gauche. Glynis nettoyait les blessures situées au-dessus de son genou et ce n’était pas très agréable à vivre.

— Tu as été imprudente ! Non ! J’ai été inconsciente ! Tout ça est de ma faute !

Tara ouvrit ses lèvres jusqu’ici contractées et soupira longuement.

— J’aimerais…
— J’aurais dû t’empêcher d’y aller. Nous avons assez de nourriture… Nous avons ...

... été imprudentes ! Tu aurais pu être tuée !
— … beaucoup que…
— Nous n’irons plus chasser ! Tu n’iras plus ! Tu entends Tara ! Jamais plus !
— … tu cesses de me gueuler dessus…

La voix grave de la grande femme brune s’était élevée dans ses dernières paroles en un petit tonnerre qui couvrait les bruits sourds de la chute d’eau très proche. Glynis, bouche bée, resta coite et les yeux baissés, ses mains abandonnant la plaie qu’elles examinaient.

— C’est fini, Glynis. C’est déjà du passé…
— Je t’engueule si je veux…

La rousse planta ses yeux verts dans le regard sombre de sa compagne et grimaça d’une manière agacée. La soigneuse était réellement en rogne et c’était bien la première fois qu’elle explosait de la sorte.

— C’est comme… Tu es blessée… Tu es en sang ! Mais ça ne suffit pas ! Il a fallu que la grande chasseresse ramène sa proie !
— Je n’étais pas en sang…
— Et ça ! C’est quoi ? Du jus de myrtille !

La guérisseuse Tallak brandit un morceau de peau imbibé de sang frais et son regard lança des éclairs.

— J’ai le droit d’être en colère, non !
— Tu as le droit, oui. Tu es inquiète et énervée… Alors, engueule-moi autant que tu veux… soigne-moi…
— J’ai quand même le droit de t’engueuler, non…
— … et ensuite je couperai un cuissot de ce chevreuil et l’apprêterai… Toi, tu t’occuperas du feu et à me préparer un bouillon de perdrix… Parce que j’ai faim…
— Tu ne bougeras pas tant que je ne te le dirais pas !
— Ou quand j’aurai plus faim que peur de ta ...