Adeline, Yannick et Patricia - Histoires de Sexe

Adeline, Yannick et Patricia

... Protestants, des parpaillots. Et justement, pour eux, l’époque est celle de mœurs dissolues, il faut redoubler de vigilance.
— Hou là ! Mais tout de même, vous n’avez plus quinze ans.
— Non, le double, mais ce n’est pas suffisant. Pour eux, je suis toujours leur petite fille qui doit se comporter comme une jeune fille « comme il faut » et rester vierge jusqu’au mariage. Donc, je ne dois pas approcher d’hommes, ou du moins il ne faut pas qu’ils le sachent.
— Ma pauvre ! Mais c’est effroyable pour vous ?
— Ah, ne vous inquiétez pas, j’ai déjà croisé le loup, j’ai déjà cru au grand amour et j’ai pris une gamelle.
— Désolé.
— Pas de quoi ! Et vous, pas de madame ?
— Oh non, sûrement pas ! J’aime trop bourlinguer pour me lier de la sorte.
— Buvons donc à notre liberté. Vous prenez quoi ?
— Whisky, si vous avez, mais douche avant, si vous permettez.
— Oui, moi aussi.

Elle alla se doucher et revint en peignoir, crinière flamboyante attachée au sommet de la tête pour ne pas la mouiller. Je pris sa place sous le jet bienfaisant et revins en jean’s et T-shirt propre. Elle s’affairait dans la cuisine comme une vraie petite maîtresse de maison, je la regardais à la dérobée. Son profil dégagé était splendide, petit nez bien droit, petit menton volontaire, coquillages délicats des oreilles, et une poitrine petite mais ferme faisait galber élégamment le V de son peignoir. Elle me jeta un coup d’œil.

— J’ai un bouton sur le nez ?
— Pas du tout, ce serait dommage. Pardon de ...

... vous dire la même chose que beaucoup d’autres, j’imagine, mais vous êtes très jolie.
— Vous êtes pardonné, ça fait toujours plaisir. Surtout que vous avez dû en voir plein des jolies petites Kényanes les seins à l’air. En tâter aussi peut-être ?
— Non, je ne suis pas attiré…
— Ne me dites pas que… vous préférez les hommes ?
— Ah non ! Ha ha ! Non, simplement je ne suis pas attiré physiquement par les femmes noires. Je ne saurais pas expliquer pourquoi, je ne pense pas que ce soit du racisme. Parfois, je les trouve très belles avec leurs boubous chamarrés, mais je ne ressens pas de désir, tout simplement.

Sa salade était délicieuse et rafraîchissante, avec du maïs, des dés de gruyère, des cœurs de palmier. Il y en eut une seconde, de fruits, celle-là, dans des coupes avec un nuage de fromage blanc et de la gelée de groseille.

— Comment pourrai-je vous remercier pour toutes vos bontés ?
— Oh, arrêtez, quoi de plus normal. Nous sommes collègues, voisins de palier de surcroît, si je ne vous rendais pas un petit service quand vous emménagez, c’est que je serais une sauvage… mais pas noire.
— Oui, mais de là à me nourrir toute une journée…
— Ah oui, gémit-elle, mes provisions pour la semaine sont dilapidées, je serai obligée d’aller faire des courses demain matin, c’est très grave. Et puis à charge de revanche. Je suis incapable de planter un clou sans finir aux urgences. Alors quand j’aurai une étagère à poser, je viendrai frapper à votre huis.
— Ce sera très, très ...