1. Mahoko


    Datte: 11/03/2024, Catégories: fh, asie, Collègues / Travail amour, rencontre, amouroman, Auteur: Roy Suffer, Source: Revebebe

    ... c’est très joli, j’ai déjà fait…
    — Sans doute, mais qui va passer la peinture dans dix-huit bureaux ?
    — Nous, le soir, quand tout le monde est parti, et le week-end.
    — Et vous feriez ça, vous, qui n’êtes même pas en contrat ici ?
    — Oui, bien sûr, j’adore bricoler.
    — On va y laisser notre santé. En revanche, vous me donnez une idée, parce que nos employés sont tous très sympas. Je vais les réunir.
    
    Une plénière à l’accueil une demi-heure avant de partir. J’explique la visite et les enjeux, la nécessité de faire bonne figure sans pognon. Solution : faire du cache-misère avec les moyens du bord. Qui est partant pour donner un coup de main ? Tout le monde, merci, y compris ceux qui préviennent « mais moi, j’ai jamais fait et je suis pas bricoleur ». On commence quand ? Dès demain soir, on se donne une heure chaque jour avant la fermeture, il faut apporter des vêtements de protection.
    
    Mon copain chef cuisinier nous accueille en ce jour de fermeture. Quand nous arrivons, il est en cuisine en train de tamiser une simple purée dans un chinois (!) avec un blaireau. Mahoko l’observe, stupéfaite. Entrées, bourse de pâte à brick contenant une huître et une tranche de betterave rouge. Goût de terre, goût de mer, étonnant et fabuleux ; petite escalope de foie gras poêlée avec des rondelles de boudin noir, un régal. Plat : pot-au-feu de la mer avec cinq poissons de couleurs, de goûts et de textures différents, petits légumes cuits à part et bouillon d’ail et fenouil. Stupéfiant, ...
    ... même pour la spécialiste du poisson. Crottin de chèvre chaud au miel et éclats de noisettes sur un mesclun de salade ; et pour finir une simple soupe de fraises agrémentée de menthe fraîche dans une crème anglaise. Apéritif, vin, digestif, et il se fait fort de servir l’armagnac de l’année de naissance de chacun des convives. Vendu !
    
    — J’ai déjà goûté de bonnes choses, notamment avec vous, mais ce que nous venons de manger là, je ne m’étais jamais autant régalée. Quel talent !
    — Merci, Madame. Vous croyez que nos invités apprécieront ?
    — C’est certain. Ce qui va les renverser, c’est ce pot-au-feu. Ex-tra-or-di-naire !
    — Allez, je commence à reprendre confiance.
    
    J’ai passé ma journée à acheter le matériel nécessaire, des peintures sans odeur, des pinceaux, des rouleaux, des adhésifs. J’ai décroché dix pour cent par-ci, un prix de demi-gros pour les plantes vertes et j’ai mis la main sur un lot de moquette de couloir commandée par un hôtel qui, entre temps, a fait faillite. Sur le conseil de Mahoko, on ne fait pas dans le trop voyant. Du blanc essentiellement, en se permettant à l’accueil et dans certains bureaux un mur abricot, comme les portes. Ça se présente bien. En procédant étage par étage, on en fait presque la moitié en une heure chaque soir. Il faut dire que nous sommes plus de vingt, dont une bonne douzaine à œuvrer, les autres déplaçant les meubles, nettoyant et rangeant. Mille deux cents euros de moquette, huit cents de peinture, mille de plantes vertes, ...
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