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Le fossoyeur céleste
Datte: 29/01/2024, Catégories: nonéro, délire, Humour fantastiqu, fantastiq, Auteur: Juliette G, Source: Revebebe
... terrasse d’un bar situé sur le port de commerce de Brest, Anatole regardait les gens passer et se diriger vers la plage de la ville. — C’est quoi m’man ? Le gamin s’était immobilisé et fixait un ciel sans nuages. — Un arc-en-ciel, mon chéri… Ils se font si rares… C’est beau hein ? C’est vrai que c’était beau… mais ça coûtait un bras. Et le patron devait gérer sa petite entreprise. Anatole savait que gérer une entreprise était parfois compliqué. Après une sombre période où il avait été le fossoyeur d’un petit village de cambrousse, il avait touché un petit pactole. Tonton Théodule avait tiré sa révérence en buvant un chouchen de trop. Anatole Lebon était néanmoins resté dans la partie en créant sa propre boîte. Pompes funèbres Lebon. Ensuite… une petite campagne de publicité lui avait valu les foudres du clergé breton. Pompes funèbres Lebon… le bon choix ! Enfin, la société d’Anatole avait dû déposer son bilan. Il avait connu des hauts et des bas, du temps de sa vie précédente. Il était né en avance. Très bientôt ce genre d’affaires vaudrait de l’or. Pour faire tourner sa boutique, le vieux ...
... allait devoir coller un paquet de monde au chômage. Sa petite boule bleue était ravagée. Exsangue. Les humains maintenant bien trop nombreux avaient creusé leur tombe avec leurs dents. Quelque part, Anatole restait dans la partie. Il préparait le terrain. Il s’occupait aujourd’hui des vivants certes, mais faisait de son mieux pour leur préparer une belle mort. Ou plutôt, une fin pas trop dégueulasse. Le vieux avait pris sa décision. Il y aurait bientôt du changement. Un grand chambardement. Le vieux, s’il se fichait des humains, restait un architecte. Contrairement à ce que beaucoup pensaient, celui qu’ils prenaient pour un dieu n’avait fait que créer un monde. Ensuite, il s’était contenté de laisser la vie s’y installer. Et aujourd’hui, l’architecte tenait à sauver ce qui pouvait encore l’être de sa création. Le côté artiste du vieux bâtisseur n’était pas une façade. Cela dit sans jeu de mots. Anatole Lebon soupira un avalant d’un trait son verre de chouchen. Il ferait de son mieux. Aujourd’hui, il était presque heureux. Ou tout au moins, il était plutôt content de lui. Un gosse aurait vu un arc-en-ciel…