1. La clef USB (4)


    Datte: 09/01/2024, Catégories: Entre-nous, Hétéro Auteur: Exorium, Source: Hds

    Elle s’y attendait. Elle s’y attendait tout le temps. Tous les jours. À toute heure. À tout moment. Elle n’était plus qu’attente. Un bloc d’attente et d’appréhension. Elle s’y attendait, mais le coup de sonnette l’a malgré tout fait sursauter. Elle est allée lui ouvrir, rongée d’inquiétude. Ça allait être quoi aujourd’hui ? Il allait vouloir quoi ? Inventer quoi ?
    
    Il était tout sourire.
    
    - Tu m’offres un café ?
    
    Qu’il a bu, à toutes petites gorgées, sur le canapé du séjour.
    
    En parlant cinéma.
    
    Fellini, oui, bien sûr. C’était leur référence à tous les deux.
    
    - Mais il ne faut pas non plus se cantonner à lui. Il y en a d’autres. Tellement d’autres.
    
    Ça, elle était bien d’accord.
    
    Et ce fut Bergman. Et Antonioni. Et Almodovar. Et Rohmer.
    
    Ah, Rohmer ! Tout en finesse. Tout en subtilité. Il ne s’en lassait pas de Rohmer.
    
    Elle non plus.
    
    - Ah, non alors !
    
    Le temps passait. Et c’était comme avant. Comme le jour de Noël. Comme ça aurait dû toujours être si elle n’avait pas si stupidement…
    
    C’est Kevin qui a rompu le charme. Le coup de téléphone de Kevin. Qui cherchait un dossier. Qui se demandait si, par hasard, il ne l’avait pas laissé dans son bureau.
    
    - Il y est, oui.
    
    Et elle a raccroché.
    
    - C’était ton mari, hein ?
    
    - C’était lui.
    
    - Tu sais que je l’ai vu ?
    
    Elle s’est décomposée.
    
    - Tu l’as vu ! Ah, oui ? Comment ça, tu l’as vu ? Où ça ? Quand ça ?
    
    - Hier. Hier soir. Oh, mais fais pas cette tête-là ! Je n’ai rien dit. Rien du ...
    ... tout. On a un accord tous les deux. Et je le respecterai. À condition que, de ton côté, tu le respectes, toi aussi. Ça va de soi. Oui, je l’ai vu. On s’est rencontrés tout à fait par hasard, avenue Mermoz. Du coup on a bu un coup ensemble. Et discuté un bon petit moment. C’est un homme absolument charmant. Et j’avoue que j’ai du mal à te comprendre. Parce que tu as un époux en or. Qui se mettrait en quatre pour toi. Qui gagne très confortablement sa vie. Et la tienne. Grâce auquel tu peux disposer de tout ton temps. Et tu en fais quoi de tout ce temps qu’il t’offre si généreusement ? Tu cours te faire sauter ailleurs.
    
    – C’est pas si simple !
    
    - Ah, non ? Qu’est-ce que tu vas me raconter alors ? Que oui, bien sûr, t’es pas trop à plaindre. Même si, parfois, il a tendance à s’emballer. À monter sur ses grands chevaux. Bon, mais ça ! Tu n’as pas grand-chose à lui reprocher, non. Sauf qu’au lit c’est loin d’être le top. Que tu t’éclates pas avec. Ou plus. Et qu’à ton âge tu as des désirs. Des besoins. Que c’est parfaitement légitime. Ben, bien sûr ! Une femme, quand elle veut faire son mari cocu, elle a toujours d’excellentes raisons. Et donc t’as trouvé d’autres bras dans lesquels te pâmer. Jeunes. Tant qu’à faire… C’est plein de sève à cet âge-là. Plein de vigueur. Ça remet le couvert autant de fois que nécessaire. En sorte que t’y trouves pleinement ton compte.
    
    Elle a voulu l’interrompre.
    
    - Ce n’est pas…- Mais si, c’est… Bien sûr que si, c’est ! Une histoire de cul. Et ...
«123»