Le bouquet de fleurs (ép. 237) - Histoires de Sexe

Le bouquet de fleurs (ép. 237)

... s’empare prestement de son téléphone et appelle aussitôt Daniel, l’incontestable héros et sauveur du monde libre. À l’autre bout, sans doute fatigué, celui-ci grogne en décrochant. Passant outre, elle lance aussitôt :

— Daniel, tu ne devineras jamais qui vient de sortir à l’instant de chez moi et qui m’a invité à dîner ce soir !

Par convivialité, et comme preuve de sa grandeur d’âme, Daniel a toujours demandé à ses collaborateurs et collaboratrices de le tutoyer, et il en fait de même. En revanche, il vouvoie ses conquêtes. Cette dichotomie pronominale, Françoise vient de s’en apercevoir, alors qu’elle le fréquente depuis bien des années. Ceci expliquerait-il cela ?

À l’autre bout du fil, un peu endormi, son chef répète :

— Une invitation à dîner ?
— Ben oui !

Daniel émet un petit rire étouffé :

— Je ne sais pas… Jean-Pierre ?
— Tu te gausses ou quoi ?
— Valentin ?
— Tu te gausses vraiment ! Il pourrait être presque mon grand-père !
— Maurice alors…

Agacée, Françoise hausse le ton :

— Daniel, t’as fini d’énumérer tous les pires candidats !
— Ah, Richard dans ce cas, il a dû rater son coup avec Amandine.
— Qu’est-ce que tu insinues, que je suis une roue de secours ?
— Bon, bon, bon, c’est qui ?
— Axel Lokir !
— QUOI ?

Un petit silence se fait entendre, puis, parfaitement réveillé, Daniel éructe :

— Tu te gausses ou quoi ?
— Normalement, c’est à moi de dire ça, mon petit Daniel !
— Mais, mais qu’est-ce qu’il est venu fichupatouiller ...

... chez toi !!?
— Rhoo ! Tu deviens grossier ! Axel, lui, a été très galant, très gentleman avec moi.
— Tu l’appelles Axel maintenant ?

Un peu vexée par les allusions précédentes, Françoise enfonce le clou :

— Non seulement il m’a invitée à dîner, mais il m’a aussi offert un très beau bouquet de roses.

Daniel rugit :

— Ah ça, c’est le bouquet ! Et toi, tu as accepté !!
— Tu m’excuseras, mais j’ai quand même été très surprise de me retrouver nez à nez avec lui. Je dois reconnaître que j’ai été un peu dépassée par les événements… et puis, je ne suis qu’une faible femme, moi !
— Bouge pas ! Je passe prendre Gérard et on arrive tous les deux chez toi dans dix minutes !

Françoise n’a pas le temps de placer un mot, Daniel ayant raccroché violemment.

Françoise s’est changée, inutile de trop en ajouter avec la robe un peu décolletée qu’elle a mise pour aller dîner. Quelques minutes plus tard, Daniel déboule chez elle, accompagné de Gérard(dit Gégé, pour les intimes), le grand nounours impassible, mais capable de faire exploser un crâne rien qu’en serrant les doigts d’une seule main. D’ailleurs, on murmure qu’il s’entraîne avec des melons et parfois avec des pastèques…

— Pff, ah pff, aaah pfff ! Quelle idée d’habiter si haut sans ascenseur !
— C’est tout ce que je peux me permettre avec mon salaire et qui ne soit pas trop loin du Service, sans devoir traverser toute la capitale.

Visiblement, Daniel ne souhaite pas continuer la conversation dans cette direction ...