Les petites stagiaires: Élodie II,1
Datte: 25/11/2023,
Catégories:
Entre-nous,
Hétéro
Auteur: Exorium, Source: Hds
Javeau s’est retourné sur le pas de la porte. Il arborait un petit sourire mi-moqueur mi-complice.
« Ah, oui, Dumas, à propos, j’oubliais… Il va nous arriver une nouvelle stagiaire. Vous ne demanderez pas mieux que de prendre sa formation en mains, j’imagine ! C’est un domaine dont il semble que vous vous soyez fait une spécialité et dans lequel, apparemment, vous excellez.
– Que ne ferais-je pas pour la bonne marche de l’entreprise, Monsieur le Directeur ?
– Je n’en attendais pas moins de vous. »
C’était une dénommée Élodie. Une petite brunette vive, enjouée, qui parlait pratiquement sans discontinuer et qui réussissait ce tour de force d’être néanmoins, dans les tâches qui lui étaient confiées, d’une redoutable efficacité. À la fin de la matinée, elle avait abattu un travail considérable et je savais tout d’elle ou presque. Qu’elle allait sur ses vingt-quatre ans. Qu’elle s’était tout d’abord lancée dans des études littéraires auxquelles elle avait finalement renoncé.
« Ben oui ! Parce que, à part prof, ça mène nulle part, ça ! Et prof, non merci. Vu ce que c’est payé ! Et puis les élèves maintenant faut les supporter !
Qu’elle avait deux sœurs, toutes les deux plus jeunes qu’elle. Que son père était gendarme. Et vraiment pas commode.
– Pour lui, j’ai toujours quatorze ans en fait.
Qu’avec sa mère il y avait jamais eu moyen de parler. De rien. Elles n’étaient pas sur la même longueur d’ondes toutes les deux.
– Je foutrais bien le camp, mais bon ! ...
... Aller m’installer toute seule j’ai pas trop envie.
– Et en colocation ?
– Il y a ça, oui. Deux fois déjà je l’ai fait avec des copines. Mais faut vraiment bien tomber. C’est sans arrêt embrouilles et compagnie sinon. Non, et puis je vais peut-être vous paraître tordue, mais financièrement rester chez les parents, c’est tout bénéfice. En ce qui me concerne en tout cas : ils me demandent pas un sou. Sans compter que j’ai pas à m’occuper des courses, de la bouffe, du ménage et de tous ces trucs chiants. »
Le lendemain, elle a surgi, tout essoufflée, sur le coup de dix heures un quart.
‒ Normalement, on embauche à neuf heures !
– Je sais bien, oui ! Je suis désolée, mais j’habite vraiment loin. Et puis j’ai pas encore bien l’habitude. Alors je me suis perdue. En plus !
– Pour cette fois, on va faire comme si on ne s’était aperçu de rien.
– Merci.
– Mais il vaudrait mieux, beaucoup mieux, dans votre intérêt, que cela ne se reproduise pas.
Ça s’est malgré tout reproduit deux jours plus tard. Et encore le mardi suivant.
– Vous partez d’un très mauvais pied, Élodie !
– C’est pas de ma faute ! Si j’ai pas mon compte de sommeil, je suis bonne à rien, moi ! Et plus d’une heure de route ça me fait le matin. Presque une et demie. Et autant le soir.
– Si vous vous mettez Javeau à dos, il va vous pondre un de ces rapports ! Il est même capable de pas vouloir vous garder. La ponctualité, pour lui, c’est sacré.
– Je vais essayer, seulement…– C’est ...