1. Embauche


    Datte: 15/11/2023, Catégories: Entre-nous, Hétéro Auteur: Tamalou, Source: Hds

    ... mon attention puis, réalisant peut-être à quel point cela devait avoir l'air cliché, elle a éclaté de rire, un rire clair et joyeux qui m'a bientôt entraîné à y participer. Lorsque son rire s'est calmé, elle s’est assise en face de moi, de l’autre côté de la table. Elle m'observait attentivement pendant que je buvais ma bière.
    
    J’examinais ses traits en retour. C'était la première fois que je la regardais vraiment comme une personne, plutôt qu'en la considérant comme une dame âgée qui vivait dans la grande maison au coin de la rue. Je me suis vite aperçu qu'elle n'était pas aussi âgée que je l'avais d'abord estimé. Sa façon ringarde et très conservatrice de s'habiller, de s’exprimer, d’agir, avait faussé mon jugement.
    
    Je l'avais hâtivement estimée comme une vieille personne, probablement dans la soixantaine ou plus, mais en la voyant de près, je rectifiais mon jugement, en lui enlevant une bonne dizaine d’années. Un peu moins que la soixantaine, probablement. Elle était de taille moyenne, assez mince, mais avec le corsage opulent. Son visage avait conservé les traces d'une grande beauté.
    
    Elle avait dû être très belle dans sa jeunesse, mais l’impitoyable marche du temps avait creusé ses rides, alourdi ses paupières, affaissé ses joues. J'ai soudain réalisé qu'elle avait eu une jeunesse, des flirts qui lui faisaient battre le cœur, mais ses émois de jeune fille sage s’étaient éteints bien avant ma naissance. Cela nous concerne tous, même si c’est dommage. Ses ...
    ... cheveux blonds et permanentés ne la rajeunissaient pas. Des sourcils fins au-dessus de ses yeux noisette suggéraient qu'elle était restée coquette.
    
    Elle disait : « Parler avec vous me change très agréablement de ces rencontres avec de vieilles bonnes femmes. C'est la première fois que je me trouve seule avec un homme, depuis la disparition de mon cher mari, et ça fait onze ans »
    
    « Vraiment ? » dis-je bêtement, ne sachant quoi répondre. Je me demandais juste si le fait qu'elle se sente manifestement en sécurité en ma compagnie était un compliment ou une insulte. « J’en suis heureux » J'ai soudain réalisé que ma réponse pouvait être interprétée comme étant : « Je suis heureux que ton mari soit mort ! » J’ai corrigé aussitôt : « Ce que je veux dire, c’est que je suis content que vous appréciez ma compagnie »
    
    Elle a rit, amusée par ma confusion : « Ne t’excuse pas, j'aime ta façon de t’exprimer »
    
    Cela a semblé ouvrir les vannes. D'un coup, elle s’est mise à me raconter sa vie. À un moment donné, elle s'est arrêtée pour aller me chercher une autre bière. Je pense qu’elle a eu peur que je décampe avant la fin. Puis elle a continué, sans jamais me donner une chance de l’interrompre.
    
    Elle s’était mariée avec un richissime homme d'affaires beaucoup plus âgé qu’elle. Sa vie avait été matériellement très confortable, mais son cercle d'amis était celui de son mari, pas le sien. Elle avait perdu le contact avec ses amies d'enfance. Cela expliquait son apparence très ...
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