Par amour - Histoires de Sexe

Par amour

... finissant par partager un troublant et surprenant orgasme.

Repus, amusés de constater que nos cœurs et nos artères ont résisté au choc amoureux, nous nous endormons main dans la main.

Nous nous réveillons étroitement enlacés. Je caresse les seins, le ventre, les cuisses de Michèle. Elle s’ouvre à nouveau, m’embrasse tendrement, puis fougueusement.

— Tu aimes ce que tu sens sous tes doigts ? demande-t-elle un peu essoufflée.
— Ouh là, oui, énormément. Tu m’as offert quelque chose de magique pour cette première fois.
— Une très belle et très intense première fois, oui. Mais sans doute aussi notre dernière fois, Xavier.
— Pourquoi cela ? Tu n’as pas aimé ce que nous avons partagé ? Qu’est-ce qui peut encore nous retenir de le vivre ouvertement ?
— Je vais mourir.
— …
— Une putain de tumeur pousse dans ma tête. Je vais donc devenir progressivement démente. Et ça, c’est hors de question.
— Tu veux t’évaporer ?
— Nous sommes les deux médecins, nous avons ce qu’il faut pour quitter cette vie dans les meilleures conditions, mais j’ai besoin de ton aide pour que cela soit vraiment harmonieux.
— Pourquoi moi ?
— Entre tes bras j’aurai moins peur. Je l’ai toujours su. Je me suis souvent approchée d’une décision finale. C’est toujours toi qui es apparu dans ces moments. Toi que j’aurais voulu sentir proche au moment de partir.
— Je rêve d’orgasmes d’un autre genre avec toi.
— Pardonne-moi, je n’ai plus le temps. Les premiers signes sont apparus et la progression ...

... sera fulgurante.
— Quand ?
— Tu es là et nous avons vécu en une nuit ce qui manquait à notre histoire. Pour moi, tout est accompli, je ne laisse rien derrière moi.
— Michèle, pourquoi aujourd’hui ? Je peux rester près de toi ces prochaines semaines, t’accompagner.
— Et ? Repousser l’inéluctable jusqu’à la déchéance ? Ce que tu as de moi entre tes mains te plaît encore, tu l’as dit. Restons-en là. D’ailleurs le point de non-retour est dépassé. L’annonce de mon départ et des raisons de mon choix est postée. Dans vingt-quatre heures la machine se mettra en marche. Administrativement, je suis déjà morte.

Alors je la prends dans mes bras, je caresse longuement son corps nu, je lui donne tout l’amour que j’ai pour elle, depuis le premier instant.

Elle murmure qu’elle se sent bien, qu’elle m’a toujours profondément aimé, mais qu’elle est maintenant impatiente d’entreprendre ce voyage vers l’inconnu.

Respectueux de ses derniers désirs, fou d’amour pour cette femme incomparable, je lui promets de faire tout ce qu’elle a prévu, exactement comme elle l’a prévu.

Lorsque tout est accompli, allongé contre elle, je la sens se détendre, s’endormir, respirer de plus en plus faiblement, puis fermer les yeux à jamais au moment. Je pose alors mes lèvres sur les siennes et recueille son dernier souffle de vie.

Si la loi du karma n’est pas qu’une illusion, nous ne serons jamais complètement séparés.

En fermant la porte de sa maison, je me retiens de m’effondrer en imaginant les ...