Chalet 1
Datte: 23/09/2023,
Catégories:
fh,
Collègues / Travail
caresses,
pénétratio,
mélo,
occasion,
Auteur: Roy Suffer, Source: Revebebe
... ça m’a rapporté… J’ai dû payer la tournée générale, oui.
— Dites, à qui il appartient le chalet qui est au-dessus de l’étang ?
— Vous voulez dire près du lac ? Ici on dit le lac.
— Ah pardon…
— La vieille ferme était à ce vieux fada d’Adrien, mais y a longtemps qu’il ne pète plus (je compris qu’il était mort). Construire un chalet savoyard ici, n’importe quoi ! Tout ça parce qu’il avait fait son service dans les chasseurs alpins, j’vous jure…
— Et il avait des héritiers ?
— Des neveux, mais partis à la ville. Alors comme il fallait donner des sous au notaire pour une affaire qu’ils voulaient pas reprendre, ils ont laissé tomber.
— Mais personne du village n’a voulu l’acheter ?
— Oh, y en a bien qui l’auraient voulu, mais ils sont morts aussi maintenant. C’est que vous cherchez une maison de vacances pour l’été ?
— Non, pour habiter toute l’année.
— Ben mon gars, c’est que maintenant il doit plus tenir debout le chalet à Adrien.
— C’est vrai qu’il y a des travaux à faire, mais le coin est si joli…
— En ce moment, vous avez de la chance. Mais si ça se trouve dans trois jours y aura cinquante centimètres de neige.
— Je me doute, mais ça ne me dérange pas.
— Voui, mais le beau camion il voudra jamais monter jusque-là quand il neige.
— J’en suis sûr, mais quand j’aurai une maison je n’en aurai plus besoin. Je le vendrai pour acheter un 4x4, j’en ai croisé pas mal dans le coin.
— Voui, et pis même que des fois, 4x4 ou pas, ça passe pas.
— Eh bien, j’attendrai le ...
... dégel !
— Enfin… Allez donc voir le maire, c’est un cousin des neveux à l’Adrien. Dites-lui pas que je vous l’ai dit.
— Non bien sûr, et merci pour la « champagnée ».
Je redescends jusqu’au bourg, ne trouve pas le maire dans sa mairie, mais dans son atelier de charpente grâce aux renseignements des habitants. Je lui raconte mon coup de cœur, il est un peu incrédule parce que lui, le vieux chalet, il n’aurait jamais songé à y habiter. On va à la mairie consulter le cadastre, il me fait une photocopie du secteur et hachure la propriété d’Adrien : trois hectares et demi, bien trop grand pour moi, je ne veux pas me transformer en paysan. Première contrainte : c’est tout ou rien. Il travaille pour ses cousins celui-là, et ça se confirme quand on aborde le sujet du prix :
— Si vous voulez les convaincre, ne pensez pas à la valeur réelle, mais à ce qu’ils vont toucher chacun quand l’État aura enlevé 65 pour cent.
— Taratata, Monsieur ! D’abord c’est 55 pour cent, et puis il y a environ 8 000 euros d’abattement.
Je calcule rapidement : la ruine ne vaut pas plus de 10 000 euros et le terrain à peine plus. C’est une valeur de 25 000 euros à tout casser, et « ce sera mon dernier prix »… Après le passage de l’État, les deux neveux auront donc environ 10 000 euros chacun. La somme le fait sourire :
— Vous plaisantez ? Même pas de quoi changer de voiture…
— Vous semblez bien les connaître, hasardé-je.
— Un peu, oui, c’est mes cousins. Remarquez, je ne les vois pas souvent. ...