Le cousin artiste - Histoires de Sexe

Le cousin artiste

... avec naturel ! J’avais oublié que Monsieur est un artiste, et que les artistes ne font pas comme tout le monde. Je reprends mes esprits pour demander :

— Moi !? Pourquoi moi ?
— Parce que tu es mon modèle préféré !
— Je n’ai jamais posé pour toi, je te signale.
— Tu es mon inspiratrice préférée, voilà tout.
— Et depuis quand ?
— Depuis que Nath m’a quitté.

Ah oui, cette séparation fut quelque chose ! Stupeur et tremblement, pour paraphraser un certain livre. On parle encore de cet épisode mouvementé dans la famille de mon compagnon, alors que ça date maintenant d’une bonne année.

— Attends, tu veux dire que tu as jeté ton dévolu sur moi après ta rupture avec Nath ?
— Oui, Colinette. Je suis plutôt l’homme d’une seule femme à la fois. Quand j’étais avec Nath, j’étais aveugle aux autres femmes…

Je raille :

— Oui et non, grand artiste… les femmes que tu peignais à l’époque ne ressemblaient pas beaucoup à Nath.
— Mais toutes avaient des morceaux d’elle.
— En tout cas, les dernières femmes de tes toiles ont plein de morceaux de moi…

La réponse tombe, claire et nette, sans bavure :

— Parce que tu es mon modèle idéal…
— Oooh ! Rien que ça ! Eh bé !
— Je pourrais dire pire, tu sais…
— Ah oui, et quoi ?

La réponse arrive à nouveau, limpide, sans fard :

— Parce que tu es ma femme idéale, Colinette…

J’ouvre la bouche, mais aucun son n’en sort pour l’instant. Je n’avais pas vu arriver cette vision des choses. Je souffle un bon coup, oubliant ...

... toujours de cacher ma nudité, sauf avec mon livre sur mes cuisses :

— Ah oui ! Et… et tu me balances ça, comme ça, l’air de rien…
— Tu me poses une question, je te réponds.
— Et pourquoi moi ?
— J’ai appris à te connaître tout doucement, et ce que j’ai découvert m’a plu. Tout me plaît. Et je constate qu’anatomiquement tu corresponds à ce que j’interpolais.

Thomas a un côté assez franc, peu soucieux des convenances et de la diplomatie. Presque un pur artiste qui ne vit que pour son art et éventuellement sa muse, si on met de côté son activité de paysagiste, ce qui est aussi assez artistique. Au fait, j’y songe, serais-je devenue sa muse ?

Mutine, je demande :

— Ta femme idéale, ton égérie ou ta muse ?
— Je ne fais pas de distinction en ce qui te concerne. Tu es toutes ces femmes à la fois.

Ça me fait un petit coup au cœur d’entendre ça. Thomas s’approche encore un peu de moi, puis il s’arrête juste à côté de la table. Il sort un petit appareil photo numérique de sa poche intérieure, puis il m’annonce :

— Cher modèle improvisé, et si je prenais quelques photos documentaires de ta mignonne petite personne ?
— Des… des photos ?
— Oui, des photos, à usage strictement personnel, bien sûr…

Je fais remarquer :

— Photos qui te serviront pour tes futures toiles, je suppose. Donc pas si personnel que ça, puisque tu exposes tes œuvres au grand public.
— Qui sera au courant que c’est fait d’après nature ? Que toi et moi, c’est tout !

Je respire un grand coup. ...