Histoire des libertines (10) : Aliénor d’Aquitaine, une femme libre aux temps des Troubadours.
Datte: 05/03/2018,
Catégories:
Entre-nous,
Hétéro
Auteur: Olga T, Source: Hds
... organisées. L’oncle et la nièce ne se quittent plus. Elle est belle. Il est beau. Leurs retrouvailles se terminent… dans un lit.
Grand, mieux fait de son corps qu’aucun de ses contemporains, Raymond les dépasse tous au métier des armes et en science de la chevalerie. C’est l’un des princes les plus séduisants de son temps.
Aliénor, de son côté, est coquette. Elle a de grandes lèvres, des yeux vifs, une chair lisse et ferme, une poitrine généreuse, si avenante et gaie qu’elle sert de point de mire aux moult chevaliers qui fréquentent la cour.
Sa nièce n’est pas heureuse, Raymond le sait. Cent fois elle lui a énuméré ses malheurs, raconté ses mauvaises nuits, ressassé qu’elle a l’impression d’avoir épousé un moine. L’empressement de l’oncle à satisfaire les vœux de la nièce, les nombreuses promenades qu’ils s’octroient seule à seul, leurs interminables tête-à-tête dans les alcôves du palais, font jaser.
Il s’est dit aussi que, lors de son séjour à Antioche, Aliénor aurait eu une liaison avec un jeune émir syrien de passage à Antioche : Salamah Ibn Al-Yanis. Ce prince n’a pas trente ans et parle couramment la langue franque. C’est un chevalier accompli, grand, mince, taillé comme les rocs de sa Syrie natale. Bref, de fort belle prestance.
Raymond estimait que l'armée croisée devait aller reconquérir Edesse, la ville dont la chute, en 1144, avait déterminé Bernard, l'abbé de Clairvaux, à prêcher à Vézelay la IIe Croisade. La frontière des royaumes latins de Syrie ...
... ne se trouvait-elle pas menacée tant que la ville serait entre les mains des Turcs ? Mais le roi Louis ne pensait qu'au pèlerinage aux saints lieux et, sans vouloir entendre les raisons qui lui étaient opposées, il décide de se rendre d'abord à Jérusalem.
Aliénior se range à l'avis de son oncle. Elle affirme qu'elle demeurera à Antioche avec ses propres vassaux et lance dédaigneusement à son mari : « Je croyais avoir épousé un homme et non un moine! »
Le « moine » se fâche. Une femme doit suivre son mari ! Le roi enlève alors sa femme, la fait transporter de force en pleine nuit jusqu'à son quartier général et l'armée reprend sa route vers Jérusalem. Tandis qu'on l'entraîne, Aliénor prend la décision de demander l'annulation de son mariage. Elle le proclame: leur union est nulle puisqu'ils se trouvent parents à un degré prohibé par le droit canonique.
La trahison politique d’Aliénor doublerait donc la trahison matrimoniale. Aliénor est décrite par ses adversaires comme une poupée manipulée, sans volonté, ce qui est une des manières principales dont elle a été représentée (avec la figure de la nymphomane). Aliénor aurait effectivement eu des relations incestueuses avec son oncle, et a voulu ensuite rester avec lui, au point de ne pas craindre de se séparer de son époux.
Quant à l’infidélité de la reine, elle n’est pas impensable au XIIème siècle : parmi les exemples de l'histoire, le plus proche est celui de la reine Marguerite, épouse d’Henri le Jeune et soupçonnée ...