1. La Corotte de Tchotchon (4)


    Datte: 02/07/2019, Catégories: Inceste / Tabou Auteur: Anthynéa, Source: Xstory

    Le moteur ronronnait de ce bruit si particulier que tous identifiaient. Ma petite auto nous emmenait papa et moi vers l’église. Deux enterrements en une seule semaine, depuis des années le village n’avait pas connu pareille effervescence. Claude, le beau-père de Louis suivait de peu notre bon docteur dans la tombe. Papa était sur son trente-et-un et je l’avais trouvé vieilli. C’était drôle comme à chacun de mes passages à la ferme, je le sentais, voyais différent. Son dos se voutait, son sourire n’éclairait plus son visage de la même manière. Peut-être regrettait-il ce temps joyeux où j’habitais sous son toit ?
    
    Derrière le corbillard, Josiane était effondrée. Louis la soutenait, aidé en cela par sa fille. Léa marchait en donnant la main à sa grand-mère. Lorsqu’elle nous vit arriver, elle s’échappa pour courir vers nous.
    
    — Oh ! Marraine, papy… Je suis si triste !
    
    — Vient ma belle !
    
    Papa avait chopé au vol la fillette… de six ans déjà. Bon sang comme elle semblait encore avoir grandi. Chaque fois que je la revoyais, elle aussi je la trouvais tellement changée. Louis et Isabelle pouvaient être fiers de cette gamine qui poussait comme un champignon. Le grand-père avec sa petite fille dans les bras avait rejoint la veuve. Le regard que ces deux-là venaient d’échanger valait toutes les promesses du monde. Sans doute que Josiane n’en avait pas moins de peine, mais surement savait-elle qu’elle pouvait compter sur ce bonhomme qui la couvait des quinquets depuis si ...
    ... longtemps.
    
    Après l’enterrement, il fallait encore s’acquitter des remerciements et pour cela, Louis avait fait au mieux. Le café du village était bondé. Bien sûr, tous les ouvriers avec qui Claude avait travaillé, tous les amis de papa, ceux de Louis également, ça en faisait du monde pour venir prendre le verre du départ. Les brioches tranchées sur les tables servaient de trait d’union et Josiane, cernée par des mains qui sans discontinuer venaient pour la saluer, ne pleurait plus. Le cœur de son mari avait cédé sans crier gare. Et ce moment pénible me renvoyait vers un autre bien des années auparavant.
    
    Même bistrot, mêmes têtes aux paluches qui se tendaient pour tenter d’apaiser un peu de cette douleur que bien sûr, personne ne saurait jamais vraiment partager. Seul le geste avait de l’importance en ces instants-là ! Papa s’était assis face à celle qui lui avait tapé dans l’œil, il y avait aussi un temps bien lointain. J’avais confiance en l’avenir. Et je prenais conscience là, dans ce bar bourré de monde que la vie n’était qu’un point dans l’éternité de la terre. Alors, au fond de mon cerveau, je me faisais la promesse de réaliser ce que j’avais toujours repoussé.
    
    J’irais retrouver le peintre, celui dont j’avais depuis quelques années l’adresse. Gustave que je gardais en moi, précieux et intouchable, si proche et tellement distant. Je n’y étais pas allée. Par manque de temps ? Pas vraiment, mais le courage m’avait fait défaut. Et puis, quelque part en moi, je réagissais ...
«1234...11»