1. Addicte (1)


    Datte: 01/07/2019, Catégories: Lesbienne Auteur: Orchidée, Source: Xstory

    ... capitale. Un tête-à-tête avec la télévision paraitrait un châtiment bien immérité pour avoir rejeté le modèle familial. Par ailleurs, la chaleur estivale de ce début juillet est une exhortation à l’évasion. Je brûle d’impatience de découvrir mon nouveau territoire, ce sera aussi le moyen de contrecarrer un début de cafard. »
    
    L’apparition du vague à l’âme me contraria. J’avais imaginé, incapable de présumer du ridicule d’une telle conception, une arrivée triomphante dans un univers à la mesure de mon abyssal besoin de reconnaissance, comme s’il suffisait de monter dans un train pour ne plus être la gamine incomprise dont les rêves effrayaient les parents. Je refermai le fichier de mon journal intime sur de nombreuses questions puis éteignis l’ordinateur. Les réponses se trouvaient à l’extérieur, il m’appartenait de les découvrir.
    
    Les seins orgueilleux dévoilés par l’échancrure d’une ample chemise blanche nouée au-dessus du nombril, un minishort en jean moulait mes fesses et rehaussait le galbe de mes cuisses. L’aspect négligé du chignon retenu par un élastique apportait une touche d’insolence, l’absence de maquillage faisait ressortir un côté sauvage. La limite entre exhibition et suggestion se voulait floue, j’étais prête.
    
    Une démarche prudente m’amena dans un canevas de rues tissées en toile d’araignée qui formait le 4ème arrondissement. Je m’attardai un instant sur la façade ensoleillée de l’Hôtel de Ville derrière les grilles de fer forgé ouvertes, au style ...
    ... Renaissance caractérisé par les nombreuses fenêtres et deux grandes portes en arceau de chaque côté du corps principal. Le bâtiment serait un jour ou l’autre l’occasion d’une visite, puis j’y déposerai le moment venu mon tout premier bulletin de vote.
    
    Incapable de m’imaginer en citoyenne modèle, je pénétrai dans le petit bar-tabac de la rue Renard à défaut de pouvoir m’installer en terrasse. Le maître des lieux aux allures de César évadé du roman de Marcel Pagnol glissa derrière le comptoir de zinc rutilant sous un néon poussiéreux. Un peu plus loin, des joyeux lurons s’autorisaient quelques libertés avec l’heure de l’apéro.
    
    – Vous prenez quelque chose, mademoiselle ? m’interpella un grand brun mal rasé, c’est ma tournée.
    
    La peur du ridicule ou de passer pour une gamine surpassa celle d’être la victime des dragueurs, je m’efforçai au calme.
    
    – Une bière pression, merci.
    
    Étrangement, aussitôt servie, je me sentis négligée. Le patron retourna à son bac de vaisselle près des fêtards devant leur pastis, ces derniers donnaient l’impression d’avoir intégré ma présence passive et de m’arroser comme une plante à qui on ne demanderait rien excepté d’être là.
    
    – Ça fait bizarre, n’est-ce pas ? Tu as gagné un verre dans l’histoire, pouffa une voix un peu rauque.
    
    Je dévisageai sans animosité la quinquagénaire dont le sourire gourmand s’étirait sous les cheveux courts d’un faux blond dénoncé par des racines sombres. Une nouvelle coloration n’aurait pas été du luxe.
    
    – Je ...
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