Fade incandescence
Datte: 22/06/2019,
Catégories:
fh,
hplusag,
hagé,
douche,
cérébral,
revede,
délire,
Auteur: Collectif Antilogies, Source: Revebebe
... leur télé et à leur partie de Scrabble. On va courir dans les rues calmes et désertes, abrités sous mon parapluie, et puis on va monter à l’hôtel. J’ai réservé une chambre dans le coin, au Marceau Beaulieu, un quatre étoiles dont elle va me dire des nouvelles. Je nous ferai monter du champagne pendant qu’elle sera sous la douche, puis j’irai la rejoindre. On se savonnera l’un l’autre, ses petites mains passeront dans tous les recoins de mon corps et inversement. J’en bande déjà !
Une bonne femme s’approche, la cinquantaine bien tassée, le cheveu lisse et tiré en arrière en une queue de cheval bien proprette. Elle a la tronche d’un bouledogue déguisé en infirmière. Sûrement la garde-chiourme du club vermeil.
— Alors ça va ? On ne s’ennuie pas trop ?
Qu’est-ce qu’elle me veut, celle-là ? Elle croit quand même pas que je vais la faire valser, non ? Si tu t’emmerdes, grosse conne, t’as qu’à inviter le papi, là-bas en face !
Tiens, c’est marrant ! À côté du vieux tout fripé il y a aussi une infirmière à gueule de dogue, habillée tout pareil. On dirait presque sa jumelle, vue de dos. Elle s’adresse en vain au pauvre type à l’air hébété qui ne l’écoute même pas. On dirait un légume, celui-ci. Un légume particulièrement atteint. Il me regarde avec son air ahuri, ses yeux larmoyants, des yeux qui lui mangent tout le visage sous son front chauve couvert de taches de vieillesse. Le pépé lève une main hésitante, comme pour me faire signe. Qu’est-ce qu’il y a, l’ancêtre, tu ...
... veux ma photo ?
— Je crois qu’il vaudrait mieux rentrer, Monsieur Martinez. Je vous raccompagne à votre chambre ?
Une brusque confusion s’empare de moi. Je baisse la main tandis que le vieux en face fait de même. Je tourne la tête. Géraldine n’est plus là. Elle est partie sans moi, il y a de cela un demi siècle. Je ferme les yeux. Une larme roule lentement sur ma joue flétrie…
oooOOOooo
par Café-clope
Aujourd’hui, j’ai renoncé à aller chez le psy.
Aussi étrange que ça puisse paraître, j’ai trouvé la force de ne pas aller au rendez-vous. Enfin, la force, façon de dire.
Disons plutôt que je ne trouvais plus force d’y aller. Ça fait un bien fou, tout de même !
Il faut être honnête : je n’en pouvais plus, de maintenir cette fiction que j’appelais « ma vie privée ». Oh, bien évidemment, le début était envoûtant : je racontais, et il m’écoutait. À défaut d’exister pour moi, ça existait pour lui. Patiemment, il prenait note de chaque détail que je lançais, et, bien évidemment, très subtilement, il tiquait à chaque fois que je lançais les plus révélateurs. Qu’il était plaisant de le voir réagir comme espéré !
Ce n’était pas tout le temps le cas, qui sait ce qu’il avait réellement dans la tête ? Mais, globalement, ça prenait. Et ça prenait même bien. Il me laissait parler, hochait la tête en marmonnant quelques phrases, l’air concerné. C’était grisant, et, rapidement, je n’ai plus vécu mes journées de travail et mes weekends que dans l’attente de nos séances. ...