Chambre d'étudiant
Datte: 20/06/2019,
Catégories:
fh,
hplusag,
amour,
portrait,
Auteur: P.R. de Montels, Source: Revebebe
... décision.
Pour fêter l’évènement, il ouvrit une bouteille de vin blanc et, tout en sirotant leurs verres, ils devisèrent de choses et d’autres. La bouteille étant presque vide, ils s’aperçurent que l’heure du dîner était arrivée ; Jean-Pierre proposa qu’ils débutent immédiatement leur nouvel accord. C’est en plaisantant et de façon un peu gauche, par excès de zèle de part et d’autre, qu’ils se mirent aux fourneaux.
Les semaines suivantes virent Jean-Pierre rentrer souvent plus tôt. Il aimait écouter Anna au piano. Il ne se cachait plus. Soit il l’écoutait depuis la pièce à côté tout en lisant ou effectuant une quelconque tâche, soit il s’asseyait non loin d’elle et l’observait tranquillement, s’abstenant de tout commentaire. La présence de cette jeune femme proche de lui, lui procurait une impression bizarre qu’il n’arrivait pas à définir. Par son âge, elle aurait pu être sa fille, mais ce n’étaient pas des sentiments filiaux – dont il connaissait mal la nature, certes, puisqu’il n’avait jamais eu d’enfants.
Il se rendait compte que, les jours et les semaines passant, il prenait de plus en plus conscience de la réalité physique de sa pianiste. Ce corps qu’il avait estimé au premier jour juvénile sans l’avoir réellement regardé s’affermissait dans son regard, devenait plus adulte. Maintenant, il se surprenait à faire attention aux tenues vestimentaires d’Anna, à ses décolletés, à la longueur de ses jupes. Il prenait conscience qu’il était devenu sensible à la ...
... beauté de cette jeune femme, cette beauté qu’il avait ignorée les premiers temps, mais qui semblait grandir au fil des jours.
Anna appréciait que Jean-Pierre lui ait donné toute latitude pour l’usage du piano et qu’il appréciait l’écouter. Cependant, sa présence à son côté pendant qu’elle travaillait ses partitions la gênait un peu. Mais devant l’air heureux de Jean-Pierre, elle n’osait le lui dire. Elle finit par s’habituer à cette présence silencieuse et contemplative. Ce n’est pas qu’elle finit par l’occulter, mais plutôt elle en ressentit un sentiment de plaisir personnel et intime. Quelqu’un, Jean-Pierre, aimait l’écouter. Elle avait déjà conquis un public.
Les mois d’hiver arrivant, Jean-Pierre allumait le feu dans la cheminée du salon. Il avait l’habitude de passer la soirée à lire ou regarder la télévision dans la douce chaleur que la consumation des bûches de chêne ou de hêtre procurait. Il ne manqua pas de proposer à Anna de profiter de la cheminée et de sa chaleur dans la mesure où elle en aurait le temps et serait intéressée.
Anna ne sortait pas souvent le soir. Elle avait peu d’amis et, en dehors d’éventuels concerts de musique classique, n’assistait qu’à peu de spectacles. Elle apprécia la proposition de son logeur, et plusieurs fois dans la semaine descendait passer la soirée près du feu. Si Jean-Pierre lisait, elle étudiait ses cours ou lisait également ; et si Jean-Pierre désirait regarder un film ou une émission particulière, ils regardaient ensemble, ...