La mère de Jean (15)
Datte: 19/06/2019,
Catégories:
Divers,
Auteur: Anthynéa, Source: Xstory
... Je ne voudrais pas vous déranger… vous rentrez du travail ? Alors un peu de repos ne pourrait que vous faire du bien…
— Mais le fait de vous revoir me ravit. Je vous assure que ça va aller. Allez, montez, regardez, vous dégoulinez de partout déjà. Ne faites pas l’enfant, je ne viole personne, ça se saurait.
— Bon, entendu ! En tout cas merci, c’est gentil de votre part.
— Quelle idée aussi de ne pas avoir de voiture !
— Pour cela il faut passer son permis et rien n’est gratuit dans ce bas monde.
— Oui, je sais ! Mais vous méritez mieux que cela.
Elle était près de lui et son parfum effleurait les narines du chauffeur. Même l’eau du ciel sur ses longs tifs n’arrivait pas à l’enlaidir. Elle avait l’air d’une pauvre petite chose détrempée, mais elle restait belle malgré tout. Julien l’emmenait jusque devant la poste, et elle fila vers celle-ci, affairée à il ne savait quelle tâche urgente. Lui bon Prince attendait qu’elle revienne. Et quelques minutes plus tard, elle réapparaissait, surprise de voir qu’il était encore là. Cette fois cependant, elle ne renâcla pas pour monter dans la voiture.
— Il ne fallait pas m’attendre. J’aurais pu rentrer à pied. J’ai retrouvé mon parapluie.
Elle venait de tirer de son sac un objet cylindrique minuscule, ce genre de truc que l’on faisait maintenant pour se protéger de l’eau de pluie.
— Mais ça me fait plaisir de vous revoir. Je suis heureux de passer un moment à vos côtés, même si ce n’est que pour un trajet ...
... aussi court.
— … ? Oh ! Si j’osais, je vous inviterais bien un soir. J’ai des légumes de toute beauté et ma cuisine est excellente me dit mon fils Jean. Mais vous pourriez vous aussi me donner votre avis.
— Ce serait avec joie que j’accepterais une invitation.
— Ben… je ne sais pas. Comment êtes-vous disponible ? Un soir en semaine, demain soir puisque c’est samedi… à vous de me le dire !
— Demain soir, ça me convient ! Je n’ai pas vraiment d’ami et ne sors guère. Et puis je n’aurai que la rue à traverser. Je pourrai même boire une larme de vin sans me soucier de rentrer. Oui demain, et j’apporterai le champagne.
— Alors… c’est vendu pour demain !
Il riait sans que ses sourires ne s’adressent à elle en particulier. Déjà ils étaient devant leurs maisons respectives. Adèle descendit et lui aussi. Elle vint au-devant de Julien et lui posa sans ambages sur la joue un bisou sonore.
— A demain pour dix-neuf heures… je vous attendrai.
— Vous pouvez compter sur moi.
— Merci pour la balade en voiture et… bonne soirée !
Elle avait tourné les talons, mais sur son trottoir l’autre n’en revenait pas. Il avait suffi d’une pluie d’orage, d’un oubli de parapluie pour que son bonheur soit total. La vie réservait parfois d’agréables surprises à ceux qui espéraient. Julien la vit disparaitre derrière la lourde porte d’entrée en chêne de chez elle. Lui aussi finalement avait la tête trempée de rester planté là comme un piquet sur un bout de bitume. Mais sa joie ...