Le Beau Linge - Histoires de Sexe

Le Beau Linge

... sont ces gens-là ?
— Des stagiaires des classes de BTS du lycée. Nous les logeons, ils bossent un peu avec nous. Maryse, Delphine et Thierry m’aident dans la boutique, Christophe travaille dans notre petit atelier de restauration.
— Mais…
— Tu veux savoir si j’ai couché avec eux ? Attends que je me rappelle… Je crois pouvoir répondre par l’affirmative. Il me semblait que tu l’avais compris. La semaine prochaine, c’est avec Delphine que part Éric. La règle voudrait donc que je sois avec Thierry, si je la bafoue encore une fois… Je vais pourtant le faire, j’aime bien baiser avec toi.
— Je ne saisis toujours pas…
— Ce qui nous oblige à agir ainsi ? C’est que nous le voulons, tout bêtement. Nous nous disons tout, Éric et moi. Tiens, regarde sa photo, ta femme serait difficile s’il ne lui plaisait pas, il me plait bien, à moi.

Il ne comprend rien à cette logique, farfelue à ses yeux, mais pense qu’il sera bien temps d’aviser plus tard.

— Éric repart mardi. Nous reprendrons notre vie commune ?
— Oui, Clotilde.

Sauf si… pense-t-il. Parce qu’il est inquiet.

Dans son bureau, il convoque le journaliste en charge des questions économiques. Du geste, il lui montre le siège en face de lui. Amabilités d’usage. Il va bien, oui. Pas de nouvelle méritant la première page.

— En ma qualité d’ancien élève du meilleur lycée de la ville, je suis allé m’inscrire chez madame Dupin, l’antiquaire. La maison me paraît prospère. Pas de problèmes particuliers ?
— Pas à ma ...

... connaissance. Un commerce très florissant, en effet. La clientèle vient de loin. Ils ont même un stand au Louvre des Antiquaires et participent à la biennale.

Le responsable des questions judiciaires n’a rien de spécial à dire.

Celui qui est en relation avec la police est plus ancien. Il dit que tout semble nickel chez les Dupin.

— Certes, ils fréquentent parfois "Le Rendez-vous des Voyageurs", un hôtel restaurant où se pratique l’échangisme, notamment le mercredi, mais discrétos, dans une des salles du restaurant, uniquement entre gens de bonne compagnie, majeurs consentants. Si l’on est deux à une table de quatre, un autre couple peut venir sur un sourire ou un clin d’œil. On prend le café, ou le thé, ou la tisane ensemble, et plus si affinités, mais toujours ailleurs.

Ils finissent par se connaître tous, si bien que les nouveaux les intéressent. Les amis de leurs amis sont leurs amis. Alors, mon cher directeur, vous pouvez y aller en toute confiance.

— …Vous y êtes allé vous-même ?
— Je me suis mal fait comprendre. Je ne suis pas un notable. On ne mélange pas les torchons et les serviettes. Chambre de commerce, hauts fonctionnaires ou magistrats, un peu de Rotary, industriels et tutti quanti. Le gratin. Rien que du beau linge. Pas un minable journaliste mal payé pour le boulot qu’il se tape.

…Ah ! J’oubliais : pas de pisse-copie mais la fille et nièce des propriétaire du journal, Isabelle. Avec son mari.

— Comment savez-vous tout cela ?
— Le grand patron de ...