Rencontre
Datte: 13/06/2019,
Catégories:
nonéro,
sf,
Auteur: Hidden Side, Source: Revebebe
... peut-être l’avait-elle finalement pris en pitié… Ce fut la première fois que Pichon regretta de n’avoir jamais eu de téléphone portable. Il sprinta jusqu’à la cabine téléphonique la plus proche et décrocha avec angoisse le combiné de plastique gris. Sa montre indiquait presque dix-neuf heures, il avait encore une chance qu’on réponde à son appel.
Une voix fatiguée remplaça enfin le bourdonnement intermittent dans l’écouteur.
— Cabinet du professeur Savignac, énonça plaintivement son interlocuteur.
— Heu… bonsoir ! Est-il possible de vous rencontrer ? C’est très pressé !
La voix se fit un poil plus enthousiaste :
— Mais bien sûr, cher monsieur. Nous ne fermons que dans une heure. Pouvez-vous passer à notre centre, d’ici là ?
Pichon ne perdit pas plus de temps à parlementer. Il jaillit de la cabine et s’engouffra dans le métro avec la fulgurance d’une ogive nucléaire tactique destinée à un ministre Irakien.
Pour la seconde fois en trois jours, Pichon se trouvait dans une salle d’attente. Mais celle-ci était un brin plus exotique. Des affiches grand format, aux titres pétaradants, éclaboussaient les murs jaunes sales de leurs couleurs grivoises, tandis que des diplômes, sertis dans une constellation de cadres disposés tout autour de la pièce, rivalisaient de grandiloquence.
Le « centre Hilarion Savignac » se réduisait pour l’instant à un seul consultant, Savignac en personne. Celui-ci apparut enfin, dans l’embrasure de la porte donnant accès à son ...
... officine. Il s’agissait d’un homme grisonnant, de haute sature, arborant une barbiche immaculée et soyeuse surmontée d’une paire de fines moustaches en guidon de vélo. Pichon posa son magazine et se leva aussitôt, fortement impressionné par l’allure de Savignac ; la toge de soie pourpre dont il était vêtu lui donnait l’air d’une sorte de prêtre Hindou, ou bien d’un moine Birman, bref d’un sage au savoir immense et à l’autorité indiscutable.
— Bienvenu dans ma modeste échoppe. Monsieur Pichon, je présume ?
— Oui, oui… c’est bien ça, répondit le pauvre Francis, en avalant sa salive.
— Je vous en prie, donnez-vous la peine d’entrer, lui intima le maître de cérémonie, en roulant les « r » avec l’accent chantant d’un pur Ariégeois.
Pichon, courbé par une humilité inconsciente, se pressa de s’introduire dans l’antre quelque peu intimidant de Savignac. À l’invitation du mage, il s’assit sur le siège canné au confort spartiate qui faisait face au petit bureau de merisier où l’autre avait pris place. La pièce était petite, sombre et décorée avec des gravures anciennes représentant des personnages plus ou moins mystiques.
— Bien. Je vous écoute, lança Savignac.
— Heu… que… par où dois-je commencer ?
— Eh bien, dites-moi en quoi mes services vous intéressent, lui répondit le mage, avec un sourire encourageant.
— J’ai lu votre prospectus, et je voudrais que vous m’hypnotisiez, finit par lâcher Pichon, confus.
— Certes. Vous êtes à la bonne adresse pour cela. Mais j’aurais besoin ...