Le fantasme de Sayuri - Histoires de Sexe

Le fantasme de Sayuri

... téléphonique. Oui, c’est cela. 12-54, c’est au douzième étage.
— Ok. À tout de suite.

Soulagée, Takako se dit que sa Mercedes SLK passerait bien la nuit dans le parking du Capitol Tokyu. Une fois de plus…

*

Le shabu-shabu fumait rageusement entre les deux amoureux. Sayuri plongeait soigneusement les petites crevettes dans le bouillon odorant. Son honorable mari faisait figure de « Danna Sama » (pacha) soumis aux attentions raffinées de sa compagne. Elle manipulait les « hachi » (baguettes) avec dextérité et se penchait de temps en temps en avant, laissant à chaque fois apparaître la naissance d’un sein laiteux malgré la pression de son kimono bien serré. Il était loin, le temps où elle vivait chez ses parents, quand sa mère se chargeait des derniers contrôles de sa condition vestimentaire. Madame Okagawa-mère était très sévère et vérifiait toujours le nœud de ceinture du kimono à la sortie comme au retour de sa fille. Il y avait du laisser-aller depuis son mariage.

— C’est délicieux, Sayuri.
— Merci. Le saké est-il toujours bien chaud ?
— Atsucan. (Température du corps) Oui, on ne peut mieux. Vous êtes parfaite.

Elle porta sa main au visage pour cacher ce rire de contentement.

— À propos, avez-vous pensé à notre soirée de ce lundi ? J’ai un conseil de direction à l’entreprise et je ne rentrerai pas avant 23h. Pourrions-nous nous retrouver devant le « Choices » ?
— Mais….Vous savez que je n’aime pas aller à Shinjuku seule.
— Je sais. J’enverrai le ...

... chauffeur vous prendre à la maison. Vous n’aurez qu’à m’attendre dans la voiture, je prendrai un taxi. Je ferai en sorte que le bar contienne du Carolan’s.

Sayuri savait ce que cela voulait dire. La limousine resterait plantée devant le « Choices » pendant des heures. Elle serait tentée d’abuser de sa boisson favorite pour tromper l’attente. Après tout, elle ne risquait pas de rater sa série TV préférée. La limo était équipée.

— D’accord, mais ne me faites pas attendre trop. Je n’aime pas les regards de votre chauffeur.
— Sato est très professionnel et ne demande qu’à se rendre utile. Vous pouvez avoir confiance. Vous le savez bien, n’est-ce pas ?
— Bien sûr. Mais je n’aime pas qu’il me voie dans cet accoutrement un peu osé.
— Mais portez donc ce manteau en loup qui vous va si bien.

Yoshio était satisfait. Il possédait la meilleure épouse du monde. La soirée du lendemain s’annonçait de bonne augure.

*

Après une douche réparatrice, Marc se sentait revenu à la vie. Il aurait voulu refaire le coup de Moscou et profiter un peu de sa superbe chambre au Capitol, mais Takako avait insisté pour sortir et lui servir de guide.

Ils étaient descendus par les cuisines de l’hôtel. C’était un raccourci pour rejoindre Akasaka rapidement. La ruelle aboutissait sur un portail ancien.

— Allons au piano-bar, dit Takako.
— Mais on ne grignoterait pas quelque chose auparavant ?
— Ok. Japonais ? Coréen ?
— Japonais, bien sûr.
— Allons-y. Je connais un café-resto sympa avec une ...