Les Mousquetaires - Histoires de Sexe

Les Mousquetaires

Vendredi 23 juin, 18 heures.

Les dadais ont accompagné Liliane dans le village, pour acheter de quoi manger. Qu’elle parade avec eux, grand bien lui fasse ! Virginie les accompagne, naturellement.

— Sophie, je suis très seule dans la vie pour le moment, alors sois sympa, laisse-moi la priorité ce soir et demain. J’ai tellement besoin de m’éclater, tu comprends…

Éclate-toi tout à loisir, Virginie. Me voici donc seule avec Laure, qui est restée pour moi la douce fille de la marchande de fleurs. Elle est en veine de confidences : une vie encombrée, un copain qu’elle aime bien, sans plus. Et un amant marié, un type formidable, mais…

— Alors, besoin de changer d’air, envie de profiter de ce week-end. Ils n’ont pas trop mal vieilli, nos copains, quand même. On verra les autres quand ils seront arrivés. Je coucherais bien avec Thierry s’il n’a pas trop grossi, tu n’y vois pas d’inconvénient ?
— Pas le moindre !
— Et toi, Sophie ?
— Oh, moi, ça va.

C’était pourtant Mathieu qui lui plaisait jadis.

— Et toi, Sophie, avec qui ?
— On verra bien.
— Tu es amoureuse ? Fidèle peut-être ? Non, pas vraiment sans doute puisque tu es venue. J’ai gardé l’habitude de faire les questions et les réponses, tu vois. Moi, j’en ai tellement marre de ce mec qui reste avec sa femme "pour les gosses". Les hommes sont tous les mêmes, hein, Sophie ? Disposés à nous sauter, gentils comme tout. Mais ensuite… Et même pas foutus de comprendre qu’on en a autant envie qu’eux mais qu’on ...

... aimerait bien qu’ils y mettent un peu les formes. Et la tendresse, bordel, comme dit l’autre… Au moins, ce week-end, on saura tous à quoi s’en tenir, on est là pour ça, tendresse ou pas. Et dimanche soir, adieu la compagnie ! Tu n’es pas de mon avis, Sophie ?
— C’est-à-dire que ce que tu me dis me paraît un peu contradictoire.
— Et alors ? Tu sais bien que j’ai raison. Une parenthèse de deux jours avec des vieux copains et basta. Tous les dix ans ! Ça sera de plus en plus marrant, sûr ! Putain, dans quarante ou cinquante ans, faudra voir le spectacle ! À propos, tu sais qu’il y a des pèlerins, dans le bâtiment voisin ? On y va ?

Je vois mal où est l’à propos et je trouve l’idée saugrenue, mais pourquoi pas ? Affoler un peu ces pieux personnages ! Les Normands que j’ai vus tout à l’heure boire des panachés à la terrasse du Bar des Amis. Des Irlandais aussi, peut-être. Ce chemin de Saint-Jacques n’est pas le plus fréquenté, mais il redevient à la mode. Il commence en France au Mont-Saint-Michel et passe par Angers, Poitiers, Saintes, Roncevaux. Roncevaux, Olivier !

— Oui, Laure, allons prendre un bain de soleil dans leur cour ! On enlèvera même le haut !
— Tu vas voir, j’ai un bikini du tonnerre de Dieu.
— Juste ce qu’il faut pour plaire à des pèlerins.

Quelques minutes plus tard, il nous suffit de contourner le Couvent, de franchir un autre portail et nous nous trouvons sur une maigre pelouse entourée de murs, au pied d’un bâtiment sévère. Au rez-de-chaussée, un ...