1. Le dernier des Grizziera


    Datte: 20/05/2019, Auteur: HugoH, Source: Revebebe

    ... connaissait bien, elle saurait où le trouver. C’était un moment important pour lui, l’enterrement de ses parents, c’était quelque chose quand même.
    
    Elle saurait où le trouver, il n’en doutait pas.
    
    Le soleil passa par-dessus les immeubles puis bientôt par-dessus ses épaules. Il jouait avec le sable, le passait d’une main à l’autre, le faisait glisser en petits tas sur le sol. La plage s’était remplie. Ça devait être samedi, mais il n’en était pas certain. Ni même du mois en fait. La mer lui faisait envie. La mer lui faisait peur.
    
    Le soleil le dépassa complètement, l’océan étincelait.
    
    Plusieurs fois, des vagues un peu plus violentes que les précédentes chassèrent les plagistes sur la promenade, sacs et serviettes mouillées. Mais Gabriel ne bougea pas, rigolant à chaque fois que l’eau salée venait lui lécher les pieds et lui mouiller les fesses. Ça dura encore un moment avant qu’il ne prenne conscience qu’il était en train de jouer avec du sable à mains nues.
    
    Sa terreur des choses sales, sa peur des virus et des bactéries, sa hantise de tomber malade, son dégoût du vomissement, tout rejaillit d’un coup. Le ciel se voila et il hurla de toute son âme. Les plagistes qui profitaient du ciel ce jour-là se souviendraient plus tard comme ce cri les avait glacés d’effroi.
    
    Une main se posa sur l’épaule de Gabriel. Une main forte et épaisse, une main qui le fit taire. Il tourna sa tête, peinant à distinguer le visage de l’intrus, et derrière lui des deux autres ...
    ... silhouettes qui se tenaient droites dans le soleil tombant. Au bout de quelques instants, finalement, et tandis que sa voix murmurait à son oreille quelques phrases d’apaisement, il reconnut Hector et Victor. Ces braves Hector et Victor.
    
    Les bras puissants le tirèrent du sable, le portèrent jusqu’à la promenade. Il frottait ses deux mains avec insistance, devinant dans la rougeur de l’irritation les bactéries se développer. Il voulait rentrer, s’enfuir de ce lieu souillé dès que possible.
    
    — Nous rentrons, dit son grand-père, sortant de l’ombre des deux hommes, et posant à son tour une main sur son épaule.
    
    À côté de lui, Victor jouait avec un tube de médicaments que Gabriel identifia bien vite, jetant plusieurs fois un regard envieux sur ses rondeurs colorées.
    
    — Je vous en donnerai en rentrant, Monsieur.
    — Tu feras attention à te ganter les mains, murmura-t-il.
    — Comme d’habitude, Monsieur.
    
    La silhouette courbe de son grand-père se détacha dans le contre-jour. Il fit un signe à Victor et Hector, leur indiquant le chemin de la maison.
    
    — J’ai hâte de rentrer, grand-père, ça a été un long voyage. Mais papa et maman auraient été fiers de moi.
    — Je crois oui. Tu es resté longtemps dehors cette fois-ci. Je suis content.
    — De quoi parle-tu ?
    
    Le regard de Gabriel n’accrocha pas celui de son grand-père. Le regard de Gabriel semblait perdu dans des contrées inaccessibles.
    
    — De rien, Gaby, de rien.
    — Et où est Léane ?
    
    L’œil se raviva un moment, très court.
    
    — ...