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0202 Colère, regrets, remords, coup de fil et vent d’Autan.
Datte: 28/02/2018, Catégories: Entre-nous, Les hommes, Auteur: Fab75du31, Source: Hds
... tous mes moyens ; et cette proposition est, elle aussi, trop soudaine, trop rapide : je n’ai pas le temps de réaliser ce que je suis en train de vivre, je me sens comme un lapin pris dans les phares d’une voiture. « Nico… ». « C’est où ça ? » j’essaie de gagner du temps. « Dans les Hautes-Pyrénées, à côté de Bagnères-de-Bigorre… ». « Qu’est-ce que tu fous là-bas ? ». « Je traîne, je récupère… ». « Tu t’es remis de ton accident ? ». « Moi je pense que oui… ». « Tu pars quand à Paris ? ». « Quand le médecin me donnera le feu vert… je dois passer des visites médicales à la fin du mois… ». Nouveau silence. « Tu es toujours sur Toulouse ? » il finit par me relancer. « Oui… ». « Tu pars quand à Bordeaux ? ». « Dans 10 jours… ». « Tu as une voiture, alors ? » il revient à la charge. « J’ai une vieille Clio… ». « Alors viens me rejoindre, Nico… ». « Je ne peux pas ce week-end… » je lui réponds, en pensant à la visite de mon futur studio à Bordeaux. Encore un blanc dans la conversation. « Viens me rejoindre, Nico… c’est certainement le dernier week-end que je passe ici… ». « Pourquoi tu veux me voir ? ». « Je ne t’ai jamais remercié de m’avoir aidé à avoir mon bac… ». « Je n’ai ...
... rien fait… ». « Allez, Nico, viens passer le week-end avec moi… ». Je suis de plus en plus submergé par l’émotion, je n’arrive toujours pas à décrocher un mot. « Si tu ne te sens pas bien, tu repars aussitôt… » il essaie de me mettre à l’aise « J’ai un truc de prévu ce week-end… ». « Nico… ». « Quoi ? ». « Je t’attendrai sur la place du village demain à 18 heures… ». Je commence vraiment à être ému. « Je ne viendrai pas… je ne peux pas… ». « Je sais que je me suis comporté comme un con avec toi… ». Là, je suis ému aux larmes. « Demain à 18 heures, je serai sur la place à Campan… » il continue « et j’espère que tu y seras aussi… ». « Je dois y aller… » je coupe court, tout en essayant de maîtriser et de dissimuler mon émotion. Un nouveau silence s’installe dans la conversation. « Les chanceux c’est nous… » fait Jérém au bout d’un moment. « De quoi ? ». « Les chanceux c’est nous, c’est toi qui me l’as dit une fois… ». « Je dois vraiment y aller… » j’insiste, comme un réflexe de survie ; je suis tellement assommé par son coup de fil que je n’arrive même plus à respirer. « Si tu viens, fais gaffe sur la route, ils annoncent de la flotte dans les heures à venir… salut Nico… ». « Salut… ».