1. CHAPITRE 17 : Fin


    Datte: 27/02/2018, Catégories: Entre-nous, Les hommes, Auteur: Cramache, Source: Hds

    ... que j’appuie sur son nom. Je caresse l’épitaphe que j’ai choisie : « A l’homme qui a su me rendre meilleur, je t’aile pour l’éternité ». Ça ne résume pas entièrement ce que je ressens pour lui :
    
    -Coucou, mon amour, désolé pour le retard. Notre fils vient de m’appeler, Lydia est enceinte. Tu te rends compte ? Lui qui criait à tue-tête qu’il n’aurait pas d’enfants. Il est comme toi, il a fallu qu’il ait le premier pour comprendre qu’il voulait être père. Ça fait un an que tu es mort.
    
    C’était arrivé soudainement, sans signe précurseur. Il s’est tenu le bras alors qu’on bavardait tranquillement, sa respiration s’est précipitée, et ses yeux ont perdu leur éclat. Il s’est effondré au sol et a cessé de vivre. J’ai paniqué, j’ai hurlé son nom, maudit le monde, et j’ai appelé les secours. Quand ils sont arri-vés, j’étais hystérique, et ils ont eu les plus grandes difficultés à me détacher de son corps sans vie. Plus tard, le médecin m’a révélé que je n’aurais rien pu faire, il est mort sur le coup, sans souffrir, d’un arrêt cardiaque foudroyant. Non, le seul qui souffre, c’est moi, d’une autre maladie cardiaque, la peine. En fait, je suis mort, mon cœur bat toujours mais il est vide.
    
    Je m’appuie contre la pierre, la main toujours posée sur son nom. Dans mon es-prit défilent tous les souvenirs de notre vie : notre première rencontre au ga-rage, ce baiser furtif après le diner, notre premier vrai baiser, et toutes ces premières fois qui leur ont succédés. Je revois aussi nos ...
    ... disputes, ses défauts qui me contrariaient tant et qui me manquent encore plus, et même cette habi-tude qu’il avait de faire la tête quand je disais non. Des larmes coulent sur mes joues glacées, et je suis secoué par mes sanglots. Je ne comprends pas pourquoi lui est parti le premier. Il était le plus bel être du monde.
    
    -Monsieur, dit une voix douce, vous allez bien ?
    
    Non, je ne vais pas bien, ai-je envie de répondre, mais je me contente de me redresser et de faire un signe à la jeune passante. Lorsqu’elle s’éloigne suffi-samment, je reprends ma position. Il n’y a qu’ainsi que je me sens proche de lui. Sa présence a disparu de la maison, ce n’est plus qu’un lieu hanté par le zombi que je suis devenu. Samuel évite le plus possible d’y venir, préférant m’inviter dans sa propre demeure. Sa joie de vivre et celle de sa famille sont un poison pour moi qui n’aspire qu’au repos.
    
    Tout d’un coup, je me sens las. Mon esprit semble flotter. Le visage de Sylvain quand il avait vingt ans me sourit, les bras largement écartés. Je m’envole vers lui, j’abandonne mon corps vieillissant, pour vivre éternellement jeune avec lui. Je jette un dernier coup d’œil sur mon corps si vieux, il est avachi sur la pierre. Je lui fais mes adieux sans regret, et Sylvain m’embrasse. Je m’unis à lui comme jamais auparavant, et ensemble, nos âmes voguent vers cette éternité qui s’ouvre devant nous. En bas, une femme hurle et appelle une ambulance. Un der-nier sourire illumine les traits de celui que je ...