Le Rendez-vous
Datte: 02/05/2019,
Catégories:
fh,
couple,
vacances,
amour,
cérébral,
revede,
nonéro,
sf,
Auteur: Hidden Side, Source: Revebebe
... opportunément la cause du plus grand désastre que le secteur hydroélectrique ait jamais connu ! Je restai hébété devant cette énormité, refusant de croire que Karina, puis le cabinet d’expertise Anglais, aient pu passer à côté d’une erreur pareille. Cette hypothèse et ses ramifications m’étaient tout bonnement insupportables.
Alors, pourquoi diable mon ancien employeur se prêtait-il à une telle mascarade ? Et pour quelle raison voulait-on nous faire gober ça ? Il fallait que je le sache. Et tout de suite.
J’allai au plus simple. Je pris mon calepin, retrouvai le numéro de portable de Jean-Luc Fournier et l’appelai via mon téléphone satellite. Au bout de quelques sonneries, une voix ensommeillée me répondit.
— Allo ? Allo ! Quel est l’abruti qui m’appelle à quatre heures du mat !?
— C’est Franck à l’appareil.
— Qui ?
— Franck Dumont, bordel ! Vu les évènements récents, m’étonnerait que tu te souviennes pas de moi, dis-je, avec une colère froide.
Il y eut un blanc au bout du fil. Je crus qu’il allait raccrocher, mais il reprit la parole. Surmontant sa surprise, il avait trouvé quelque chose à dire :
— Heu… j’ai su pour Karina. Je suis sincèrement désolé, Franck.
— Ce n’est pas pour ça que je téléphone.
— Je me doute. Là, tout de suite, je ne peux rien dire. Il faut qu’on se voie…
— Où et quand ?
— Samedi prochain, vers vingt heures. Là où tu as rencontré Karina, souffla Jean-Luc, d’une voix étrangement apeurée.
Pourquoi diable prenait-il cet air de ...
... conspirateur ? Si mon ex-collègue refusait de m’en dire plus au téléphone, c’est qu’il devait suspecter sa ligne de ne pas être sûre. Et il devait en savoir long, pour crever de trouille comme ça…
— Ok ! lui répondis-je simplement, avant de couper la communication.
Je n’avais pas de temps à perdre, je devais être à Paris dans moins de quarante heures.
J’arrivai «Chez Luigi » et m’assis à une table. Rien ne semblait avoir changé dans le restaurant où nous avions fêté la fin de notre projet, il y a de cela cinq années déjà. Moi, en tout cas, je ne me sentais plus du tout le même homme ; ma bouche amère ne semblait plus savoir sourire, mon front était barré en permanence de plis tourmentés. Karina n’était plus, tout comme l’ancien Franck.
Jean-Luc finit par arriver. Je lui fis signe, depuis le recoin discret où je m’étais installé. Il se dirigea vers moi, non sans avoir jeté un regard soupçonneux derrière lui, puis sur nos voisins de table. Il était pâle et tremblant, comme un type qu’on conduirait à l’échafaud.
Il ne se débarrassa pas de son manteau, ne s’assit pas, ne me regarda pas dans les yeux. À la place, il me tendit sa main. Je le saluai sans comprendre. Une fois ceci fait, il se dirigea vers l’entrée, s’enfuyant sans avoir prononcé un seul mot.
Au creux de ma paume, quelques feuillets diaphanes pliés avec soin attendaient posément d’être lu. Mon ancien collègue, connu pour sa grosse gueule, devait être aux abois pour agir ainsi. À mon tour, je regardai ...