1. Le Rendez-vous


    Datte: 02/05/2019, Catégories: fh, couple, vacances, amour, cérébral, revede, nonéro, sf, Auteur: Hidden Side, Source: Revebebe

    ... allait arriver !
    
    Pourquoi étions nous venus là, précisément au mauvais endroit et au mauvais moment ? Pour braver stupidement le destin, clamer notre confiance aveugle, en nous-mêmes et en notre bon sens infaillible ? Puis je m’en pris violemment au volant, le frappant de mes poings déchaînés. Je ne voyais presque rien à travers le brouillard de mes larmes qui pleuvaient sur mes joues crasseuses.
    
    Ce fut un miracle que je ne l’écrasai pas. Je l’aperçus au dernier moment ; elle était assise au milieu du cloaque sans nom qui avait remplacé la route, camouflée dans ses vêtements recouverts de boue. Avec un juron, je flanquai un grand coup de volant à droite ; le pare buffle massif du Range Rover la frôla d’un cheveu. Je me précipitai vers elle, priant pour qu’elle soit encore en vie.
    
    Sans un mot, la petite fille leva un regard vide vers moi. Je la pris sous les bras, pour qu’elle se mette debout, ce qu’elle fit machinalement, en état de choc. Cette frêle gamine ne devait pas avoir plus de cinq ou six ans. Plongé dans ma propre douleur, j’avais failli lui ôter la vie.
    
    Cette prise de conscience me sauva de l’abattement, de la folie même, qui me guettait au tournant. J’avais la chance d’être encore en vie ! Baisser les bras était la pire des réactions. C’était lâche et indigne…
    
    Durant près de deux jours, je participai à la recherche de survivants au milieu des débris, sillonnant les environs avec mon véhicule jusqu’à épuisement du carburant. Je ne cherchais pas à me ...
    ... donner bonne conscience, même si j’étais taraudé par les regrets. Je voulais simplement que ma présence en ces lieux puisse au moins servir à quelque chose de positif.
    
    Celle avec qui j’avais partagé tant de moments de bonheur hantait la moindre de mes pensées. Chaque fois que je devais m’approcher d’un cadavre, j’appréhendais de me retrouver face à son corps disloqué. Après avoir entrevu quarante ou cinquante dépouilles, je pris conscience du nombre affolant de morts qui jonchaient le sol. Découvrir moi même le corps de Karina relevait d’une improbabilité extrême. Devais-je regretter ? Je ne le savais même plus, tant cette perspective me semblait traumatisante.
    
    Les secours commencèrent à arriver sur les lieux moins de dix heures après l’effondrement du barrage. C’était un immense bazar. Les blessés affluaient par centaines, les conditions d’hygiènes étaient innommables. En plus des victimes directes de la catastrophe, des milliers d’autres allaient périr par manque de soins où du fait des épidémies que personne ne semblait en mesure d’endiguer.
    
    Les chiffres qui circulaient sur le nombre de vies humaines fauchées par cette tragédie étaient encore largement sous-estimés. À cet instant, personne, à part moi, n’imaginait qu’on allait dénombrer près de trente cinq milles morts…
    
    J’essayai de glaner quelques infos, officielles ou officieuses, sur les causes de la rupture du barrage. Evidemment, personne ne semblait savoir quoi que ce soit sur place. L’heure n’était pas ...
«1234...11»