1. Les métamorphoses du Diable


    Datte: 29/04/2019, Catégories: historique, Humour fantastiqu, merveilleu, Auteur: Maître Secret, Source: Revebebe

    ... achevé de se dépouiller totalement de sa défroque terrestre. De par le vaste univers, nulle beauté ne peut rivaliser avec celle de Lucifer et nul mortel ne peut la contempler sans se consumer.
    
    Elle pleure de gratitude, elle sanglote d’effroi.
    
    — Maintenant que je suis perdue, que vas-tu faire de moi, mon redoutable amour ? lui demande-t-elle, jetant ses bras autour de son cou et le pressant de baisers chauds et mouillés. La damnation ne me fait plus horreur, mais, mon terrifiant amant, je t’en supplie, ne me prive pas de toi. Le seul Enfer que je redoute serait d’être sevrée de ton amour.
    — Rassure-toi, mon aimée, tu es et seras mon épouse jusqu’à la consommation des siècles. Je n’ai qu’une parole. Quand tu me connaîtras mieux, tu sauras que je ne suis pas si méchant qu’on veut bien le dire. J’aime les hommes plus qu’ils ne le croient et Dieu les aime moins qu’ils ne l’espèrent. Regarde ce que je t’offre, contemple ton destin. Vois comment tu vivras jusqu’à la fin des temps et constate par toi-même que cela n’a rien de sinistre ni de cruel. Ton cadeau du matin est ici…
    
    Elle est maintenant dans une pièce qui n’est plus celle de sa maison. Une pièce inconnue, immense et ciselée dans un rutilant cristal. La lumière se lève et ses murs transparents laissent voir les fabuleux jardins d’Éden qu’il lui a donnés. La chambre est pleine de belles succubes qui seront ses servantes. Sous ses yeux miroitent des siècles de bonheur et une éternelle félicité. Elle n’aura d’autre ...
    ... tourment que de vivre dans l’espoir du plaisir, consumée chaque jour par l’envie et l’attente. Elle n’aura d’autre supplice que de retrouver à chaque instant les étreintes de son maître, et sombrer, un peu plus chaque heure, dans la débauche et la luxure.
    
    — Ne me mens pas, tu ne pourras rester près de moi à chaque instant. Méode en rêvait, il ne le put jamais. Trop d’affaires le tenaient toujours hors de nos demeures. Je suppose que le Prince des Ténèbres a de nombreuses entreprises en cours qui l’éloigneront de ma couche.
    — Mais je suis partout au même moment. Ici et là et même ailleurs si je le veux. Les anges et les dieux sont présents où ils veulent. Ils ont l’ubiquité. À propos, mon aimée, ne m’appelle jamais plus le Prince des Ténèbres. Je suis l’Esprit des Lumières. Et voici ton Palais, ton Royaume, tes sujets.
    
    Une porte s’ouvre qui donne sur le jardin qui entoure le Palais.
    
    Ils sortent.
    
    Un zéphyr tiède et parfumé caresse leurs corps nus. Roteberge peut voir loin sur l’horizon. Sa vision est déjà celle d’un aigle et ils sont sur le sommet d’une montagne, au milieu d’une plaine délicieuse et couverte de verdure. La montagne descend en pente douce vers la plaine. Ses flancs sont couverts de vergers et de vignes, sauf sur un côté qui tombe comme un rempart inaccessible dans l’écume d’un fleuve.
    
    Sur sa rive, une petite gentilhommière cachée dans un écrin de buissons fleuris. C’est ici que venait dormir la Reine de Saba quand elle se baignait là. Les eaux du ...
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