1. Là où tout commence...


    Datte: 22/04/2019, Catégories: fh, fplusag, Collègues / Travail médical, revede, odeurs, Auteur: Belamy, Source: Revebebe

    ... petit à petit dans la spirale de la dépression. Il ne se rendait pas compte que son épouse s’épuisait entre son travail, l’éducation des enfants, les tâches ménagères et le souci qu’elle se faisait pour lui. J’avais moi-même observé qu’elle semblait parfois un peu mélancolique en plus de sa froideur habituelle. Une certaine lassitude pointait dans son regard et dans son attitude, cela était nouveau chez elle ; j’en comprenais ainsi la raison.
    
    Ma vie suivait son cours, j’oubliais Nathalia petit à petit, faute de pouvoir établir le moindre contact. Mais à l’été les choses changèrent.
    
    Comme j’arrivais un matin pour prendre mon service, je surpris mes collègues à discuter, l’air grave. En les saluant je m’assis pour consulter l’emploi du temps de la journée. Je pus constater qu’elles parlaient de Nathalia mais l’heure tournant elles repartirent chacune à leur tâche. Par chance je travaillais en binôme avec Maria ce matin-là. Entre deux soins, je pris mon courage à deux mains pour l’interroger :
    
    — Quelque chose ne va pas, Maria ? dis-je avec assurance. Vous aviez toutes l’air si sérieuses ce matin…
    — C’est Nathalia, coupa-t-elle, son mari est rentré en Albanie pour l’été et il a emmené les enfants avec lui… c’est dur pour elle. Elle les rejoindra pour une semaine dans un mois mais d’ici là…
    — Oui j’imagine, fis-je histoire de dire quelque chose, mais d’un autre côté pour le coup elle va pouvoir se reposer vraiment.
    — Tu parles, dit-elle en me regardant fixement, ...
    ... elle va lustrer son appartement de fond en comble jusqu’à ce qu’ils reviennent, je commence à la connaître. C’est pas le genre à sortir s’amuser. Elle s’est mariée à vingt ans et a eu des enfants presque aussitôt, elle n’a jamais rien connu d’autre… Enfin elle se laissera pas abattre parce que c’est pas le genre non plus.
    — Faudra que tu sois sympa avec elle, ajouta-t-elle.
    — Pourquoi ? D’habitude je suis pas sympa ?
    
    J’étais surpris par cette remarque.
    
    — Non c’est pas ça mais si tu regardais le planning de temps en temps tu saurais que tu es du soir avec elle la semaine prochaine !
    
    Elle s’éloigna en gloussant, fière de sa pique.
    
    Cela voulait dire que j’allais me retrouver seul avec elle tous les soirs après le départ du reste de l’équipe à 19 h 30 et ce jusqu’à 21 heures, fin du service. Cette nouvelle raviva ma flamme, j’allais mettre à profit ce temps pour tenter de mieux la connaître.
    
    Le premier soir arriva, 19 h 30 approchait et mon angoisse grandissait. Maria avait raison comme toujours, Nathalia ne laissait rien paraître de sa peine, elle était égale à elle-même, briser la glace ne serait pas chose facile.
    
    À 19 h 30, le reste de l’équipe quitta la clinique. Le travail était fait et mis à part deux ou trois broutilles, nous n’avions plus qu’à attendre le relais de l’équipe de nuit.
    
    Nous nous assîmes pour manger, dans un silence de mort. À ma grande surprise, c’est elle qui parla la première :
    
    — Tu as fait une belle progrès depuis le début, me ...