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La mère de Jean (13)
Datte: 17/04/2019, Catégories: Divers, Auteur: Anthynéa, Source: Xstory
... juger par la dégaine. — Bonjour Adèle. Je passais par-là alors… je me suis dit… — Bonjour Gilbert. C’est étrange qu’après tout ce temps tu te souviennes de mon existence. — J’aurais aimé avoir des nouvelles de… notre gamin. — Tu n’as donc plus de téléphone ? Et puis ta nouvelle femme ne semblait pas trop apprécier notre Jean. — Je sais, je sais… mais les erreurs se paient cash aussi parfois. Et tu vois ce que je suis devenu. — Je sais juste une chose. Nous avons un fils et c’est le seul lien qui nous rattache encore. Mais je sais également que jamais tu n’as pris de ses nouvelles depuis au moins dix ans. Que pas une seule fois il n’a eu un mot, une carte de toi pour ses anniversaires ; ses fêtes, et tu oses venir me demander comment il va ? — Je sais… mais je voudrais… — Non ! Tu ne veux rien et tu n’auras rien de moi… pas l’adresse de notre gamin, pas son téléphone et je ne veux plus te voir devant ma porte. Alors, file… sinon j’appelle la police. Tu n’as plus à rien à faire dans ma vie. Pour notre fils, ce sera à lui de décider. Mais je te conseille de repartir chez ta… oui la morue avec qui tu vis… ou vivais et de m’oublier. — Je suis seul, il y a longtemps qu’elle m’a quitté. — Eh bien, tu paies le mal que tu nous as fait. C’est un juste retour des choses. Bon vent. Adèle avait repoussé le battant de bois et elle avait depuis sa fenêtre vu ce type qu’elle avait aimé jadis, les épaules voutées, l’allure d’un clochard qui remontait la rue et ...
... son cœur se serra. Même morts certains amours sont incrustés dans la peau autant que dans l’âme et la rousse regrettait déjà son animosité pour cet homme. Il était tout de même le père que son fils avait réclamé longtemps. Jean ne devrait pas lui, avoir lui une attitude aussi dure avec son père. Elle lui en parlerait quand ils se reverraient. Adèle avait vidé son fiel et ne s’en trouvait pas mieux pour autant. Et dans l’entrée le téléphone grelottait dans l’attente de sa propriétaire pour couper la sonnerie. — Allo ! Et bien tu en as mis du temps pour décrocher ! Ça va ? — Oui ! Oui, ça peut aller. — Ouais, ta voix donne l’exact contraire de tes paroles. On dirait que tu viens de croiser un fantôme. — Tu as raison ma Lucie ! C’est tout mon passé qui vient de me sauter sur les épaules. Un vrai cauchemar remonté de ma jeunesse. — Oulalala ! Bon j’arrive. Tu ne vas pas nous péter un câble là ? Attends-moi, je saute dans ma voiture et j’arrive. Un clic encore et le silence pesant de la maison venait d’étreindre la jolie rousse jusqu’aux entrailles. La journée de ce neuf mars, malgré l’annonce d’un printemps précoce, avait d’ores et déjà des relents nauséabonds, des goûts d’égouts dégoutants revenus de si loin… Lucie arrivée sur place trouva que la rousse avait les yeux rougis et la mine défaite. Elle posa simplement sa main sur l’épaule amie et attendit que l’orage passe. Et quand enfin Adèle se sentit mieux, au moins n’était-elle pas seule plantée au milieu ...