Amant d'un soir (1)
Datte: 13/04/2019,
Catégories:
Divers,
Auteur: Anthynéa, Source: Xstory
Le gars sur son échelle a presque fini de poser les lattes de bois. Important ce lattage pour que mon tissu soit le plus tendu possible ! C’est tout un art de poser des tentures sur les murs d’une maison. Je suis bien payée pour suivre ce chantier. J’ai commencé par faire les plans, les soumettre à ma cliente et puis, après cela, j’ai envoyé notre équipe de poseurs pour dégrossir le travail. Ils sont trois, je connais chacun d’entre eux, les ayant choisis avec mon associée en prenant le plus grand soin. Ce sont tous des artistes dans leur genre !
Il y a Medhi, qui s’occupe de tout ce qui est raccord de plâtre, ciment et autre rebouchage de fissures. La trentaine, marié, deux enfants, un bosseur celui-là. De confession musulmane, il ne fréquente jamais les bars, rentre le soir pour s’occuper de sa petite famille. Il n’est ni beau ni laid, juste un homme, sur lequel je ne me retournerais pas, même si j’étais célibataire. Lui par contre lorgne parfois mes formes, mais bon, tant qu’il reste à sa place.
Le second qui se trouve dans la pièce, Fréderic, « Frédo » pour ses potes et ses intimes sans doute. Lui, c’est une tête en l’air, mais avec un œil et une patte ! Rien que de regarder un arbre, il est capable de savoir ce qu’il va en faire. Il excelle dans l’usinage de la matière première brute et il est le pivot de notre petite équipe de manuels. Cependant, il court la gueuse et parfois il oublie qu’il a un travail. Encore que depuis quelque temps, la jeune femme blonde ...
... avec qui il se promène en ville semble lui avoir mis une ficelle à la jambe.
Le dernier, c’est juste un exécutant, « un petit jeune », le bleu comme les autres le surnomment. L’arpette qui fait ce que chacun lui demande et ça va du café à la pose de lattes, comme aujourd’hui. À vingt et un ans, Tony a galéré quelques mois avant de trouver dans notre petite entreprise, un boulot somme toute, bien rémunéré. Pour l’heure, je vois sa tignasse brune qui frotte sur le plafond de la pièce dont je dois rhabiller les murs.
Je viens voir si ce sera prêt pour demain. Le tissu est dans mon coffre et au premier coup d’œil, je sais que la dernière latte n’est pas bien d’aplomb.
— Bon sang ! Tony ! Tu n’as donc pas de niveau et de fil à plomb ? Tu ne vois pas que ça n’ira pas là-haut ?
— Où ça Madame ? Vous êtes sûre ? C’est peut-être le mur qui n’est pas trop droit !
— Tu te fiches de moi ? À l’œil ! Je vois que c’est de travers ! C’est celle-là, la plus importante, je te l’ai déjà dit ! Elle va bloquer la dernière latte de mon tissu, si elle n’est pas posée impeccablement je ne parviendrai pas à le tendre partout de la même manière ! Tu comprends ? Il y aura un jour entre le mur et le tissu, ça n’ira pas !
— Ben ! Ouais ! Mais bon je ne sais pas ? Où vous dites ? Vous me montrez, Madame ?
— Descends de cette échelle, je vais te faire voir !
Il descend, et se met au pied de celle-ci. Je commence à grimper un barreau, deux, puis trois, j’arrive au cinquième et je plante ...