1. 53.3 Du côté de chez Thibault


    Datte: 05/04/2019, Catégories: Entre-nous, Les hommes, Auteur: Fab75du31, Source: Hds

    ... contexte, lorsque les barrières mentales des uns et des autres étaient artificiellement baissées, lorsque tout devient possible, parce qu’on ne se contrôle plus vraiment… car on se demandera toujours quelle est la part « réelle » de l’effet du joint et la part « réelle » des envies de chacun…
    
    Je viens tout juste de remarquer, sur le meuble à côté de la porte d’entrée, enseveli sous un tas d’objets tels que des clefs, un stylo, un calepin, sa casquette, un calendrier des pompiers… la tentation de le feuilleter est trop forte…
    
    Dès le premier contact, j’ai l’impression que ce calendrier dégage une sorte d’énergie, de puissance propre… tel un « portoloin », dès que mes doigts se posent dessus, j’ai l’impression de transplaner loin de cet appart et de cet instant, au cœur de l’urgence d’une intervention des soldats du feu… j’ai l’impression d’entendre le bruit des sirènes, la course contre la montre, l’odeur de la fumée, l’odeur de la peur, des larmes, la puissance des hommes, de leur courage, l’odeur de la sueur…
    
    Ce calendrier m’intimide… car il résume presque à lui tout seul la grandeur d’un gars comme Thibault… ce calendrier est le symbole de l’engagement, du courage, de la droiture, du respect de l’autorité et des valeurs humaines, de tout ce qui fait que Thibault est un garçon en or… oui, ce calendrier est vraiment un objet magique… un objet capable de graver définitivement dans mon esprit cette image d’homme, jeune par l’âge, mais très mur dans son être profond, ...
    ... incarnée par mon pote Thibault.
    
    Je mate la couverture et je suis étonné de voir que c’est le calendrier de cette année… étonnant qu’il ne soit pas accroché au mur… enfin, pas si étonnant que ça en fait… c’est tout Thibault ça… être, plutôt que paraître… agir, plutôt que (se la)raconter…
    
    Photo de couverture, photo d’équipe toute entière… c’est une photo très basique, loin des mises en scène plus élaborées que tout calendrier masculin prendra quelques années plus tard, à l’image de celui des Dieux du Stade… les hommes du feu de la caserne de Thibault alignés sur trois rangées devant un camion rouge vif… tout le monde est là, tous les âges, tous les gabarits, toutes les gueules… pas de tri… dans une équipe de pompiers, il n’y a pas de vieux, pas de jeunes, pas de beaux, pas de moches, juste des héros ordinaires…
    
    Je cherche mon pote… le voilà, un peu sur la gauche, rangée du milieu, le torse et la tête bien droits, les bras croisés sur la poitrine, posture qui fait gonfler les biceps, qui finissent par très très bien remplir les manchettes du polo bleu foncé règlementaire, qui n’a pourtant rien d’une pièce bien coupée…
    
    Thibault est là, avec tous ses collègues… le regard droit vers l’objectif, l’air fier de son uniforme, de son rôle… mais pas un brin frimeur, juste heureux d’être là, à sa place, heureux de pouvoir être utile à son prochain…
    
    Une fois de plus, je me dis que ce petit mec est vraiment un ange tombé du ciel…
    
    Lorsque le bomécano revient de la salle de ...
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