1. L'affiche du siècle


    Datte: 03/04/2019, Catégories: mélo, délire, Humour Auteur: Brodsky, Source: Revebebe

    ... chercher deux verres tandis qu’il entrait.
    
    — Brod’, est-ce que tu me permets quand même de t’exposer la situation ?
    — Oh, je la connais, la situation. Ça fait des années qu’on m’a mis au rencart pour présenter des jeunes loups. Des feux de paille ! Des branleurs incapables de faire des efforts sur le long terme, pas capables d’aligner trois mots, de tirer plus de trois coups à la suite ! Des mecs avec une grande gueule qui se mettent à pleurnicher et qui prennent leur retraite au premier pépin. La taule a perdu toute sa crédibilité avec eux… Alors là, vous avez besoin d’un match-exhibition qui va avoir de la gueule et vous misez sur mon nom et ma réputation de bad boy ? Sauf que c’est fini, tout ça. J’ai plus de jus, Jakin. Plus envie.
    — Tu as lu le dernier article de Catherine ?
    — Je ne lis plus les journaux.
    — Elle prétend qu’à cinquante ans, on est tous fini.
    — Qu’est-ce que j’en ai à foutre…
    — Eh bien pas moi, Brod’ !
    — Comment ça ?
    — J’ai vingt ans de plus que toi, mais à ton âge j’étais encore un dieu. Et aujourd’hui, je me démerde encore pas mal…
    — Tant mieux pour toi, Jakin.
    — Brod’, ça va loin, ce discours ; les conséquences peuvent être incalculables. Imagine que tout le monde se mette à croire qu’à nos âges on ne soit plus bon qu’à échanger nos dentiers dans les maisons de retraite : les gonzesses vont se rabattre sur les jeunots. Des types sans expérience, des bourrins… Elles seront dégoûtées de la baise, et elles finiront toutes lesbiennes.
    — ...
    ... Qu’est-ce que t’as contre les lesbiennes ? C’est tendance, aujourd’hui… Espèce de vieux réac !
    — Tu sais très bien ce que je veux dire, Brod’.
    — Écoute… Je sais très bien ce que tu veux dire, et je te comprends. Mais pour moi, tout ça, c’est terminé. Regarde-moi : je fais mon quintal, je n’ai plus d’énergie. Je suis tout juste capable de me tirer sur la tige ; et encore… une demi-molle. À supposer que par miracle je réussisse à allonger la pétasse qui sera sur le ring, je ne suis même pas sûr de pouvoir la baiser ensuite. On aura l’air de quoi, ensuite ? Hein ?
    — Brodsky… La nana qu’ils vont aligner contre toi, je ne me fais pas de souci : tu trouveras les ressources.
    — C’est qui ?
    — … C’est Lilas.
    — Lilas ?
    — Oui.
    — Mais tu te fous ma gueule, Jakin ! Tu voudrais m’envoyer au casse-pipe sur le ring contre cette furie ?
    — Brod’, écoute…
    — Rien du tout, espèce d’enfoiré ! Lilas, je n’ai jamais réussi à avoir le dessus contre elle. Personne n’a jamais réussi à lui faire baisser le regard. Elle vous a tous envoyés au tapis, les uns après les autres… Et là, tu voudrais que je prenne le risque de me faire rétamer et de prendre un gode dans le cul devant des milliers de gens juste pour redorer le blason de Rêvebébé ?
    — Brodsky, arrête un peu ton cirque ; personne ne t’a jamais vaincu non plus. Alors…
    — Parce que j’ai toujours refusé le combat de trop, Jakin. Jamais je n’ai voulu affronter Lilas. Et tu sais très bien pourquoi…
    — Oui, je sais… Elle te rendait complètement ...