1. L'affiche du siècle


    Datte: 03/04/2019, Catégories: mélo, délire, Humour Auteur: Brodsky, Source: Revebebe

    ... Bon, Jakin… on va essayer. Téléphone-lui ; mais ce n’est pas dit qu’il accepte… Et je te préviens : au moindre dérapage, on annule tout.
    — Cool, les gars. Vous n’allez pas le regretter…
    
    Jakin sortit son iPhone et chercha fébrilement un numéro dans la liste de ses favoris.
    
    On décrocha à la troisième sonnerie :
    
    — Mouais ?
    — Allô, Brodsky ? C’est Jakin. Lève-toi, bonhomme, c’est reparti !
    
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    Je raccrochai le téléphone et ouvris le réfrigérateur pour m’emparer de la dernière bière qui s’y trouvait et la décapsuler avec mes dents. Je venais d’envoyer chier Jakin… Ça m’emmerdait un peu, mais il n’était pas question que je marche dans la combine à la con de ces enfoirés. Ils avaient besoin d’une légende pour remettre à flot leur taule, ça les regardait ; mais franchement, ce n’était pas – ce n’était plus – mon affaire.
    
    Les rings, je connaissais. Et la baise de compétition aussi… mais j’avais fait mon temps. Oui, j’avais connu la gloire ; oui, le public m’avait adulé ; oui, je m’étais fait des couilles en or tellement grosses que je ne comptais plus le nombre de pétasses qui étaient venues me lécher avidement. Mais c’était loin, tout ça… Un clou chasse l’autre, et une star en remplace une autre. Brodsky, ce n’était plus qu’un nom, et rien d’autre. La gloire, le fric… tout était parti. Et par conséquent, les pétasses aussi. J’étais retourné à mon boulot de merde dans ma supérette pourrie, et deux ou trois fois par an je me tapais une des ...
    ... caissières. Je n’écrivais plus rien, ou plutôt je ne publiais plus rien. Et je m’en foutais… Ma vie était derrière moi, et j’attendais de clamecer paisiblement en méditant les œuvres des stoïciens. « Faut savoir raccrocher… » que j’avais dit à Jakin. Avant d’ajouter : « Vous aussi, les mecs, vous devriez apprendre à lâcher prise… »
    
    J’allumai mon écran, regardai mes mails, et décidai de me taper ma branlette du matin en matant un film surXvidéo. Je trouvai rapidement un strip-tease proposé par une jolie petite brune ; j’appuyai sur « play » et commençais à dégrafer mon calbute quand on sonna à la porte de mon appartement. J’allai ouvrir sans remettre le bouton de ma braguette. C’était Jakin. Je refermai la porte sans lui laisser le temps de parler. Il se mit à crier à travers la porte :
    
    — Ouvre, Brodsky ! Il faut qu’on parle tous les deux.
    — Va te faire foutre !
    — Ça, je l’ai fait hier, et j’ai encore mal au cul. Ouvre-moi, bordel !
    — Lâche-moi la grappe, je te dis : je ne remonterai pas sur le ring. Et surtout pas pour ces enfoirés…
    — OK, Brod’ ; c’est ton choix, et je respecte ça. Je voudrais juste que tu m’écoutes cinq minutes et qu’on boive un coup tous les deux. En souvenir du bon vieux temps…
    — Je n’ai plus de bière.
    — J’ai ramené une bouteille de sky.
    — Enfoiré… Tu n’as vraiment aucune parole !
    — Pourquoi tu dis ça, Brod’ ?
    — Tu m’as dit « cinq minutes » ; et tu crois qu’on va se taper une bouteille entière de sky en cinq minutes ?
    
    J’ouvris la porte et allai ...
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