1. Ainsi qu'en un bois noir


    Datte: 01/04/2019, Catégories: fh, Collègues / Travail amour, Auteur: Igitur, Source: Revebebe

    ... de vertiges. Si bien qu’un matin, il se lança éperdument dans un geste fou. Lorsque Cécile vint l’embrasser pour lui dire bonjour, il l’enlaça et colla ses lèvres sur sa bouche. Les gestes étaient fermes, directs, sans appel. Il n’y eut aucun mouvement de recul. Aucune tentative de fuite. Cécile abandonna son corps aux bras, aux lèvres, à la langue d’un Armand éberlué de n’être pas éconduit. Il n’était pas un séducteur très expérimenté et pensait sincèrement avoir passé l’âge «d’emballer» de la sorte.
    
    Les dossiers n’avancèrent guère ce jour là, mais les désirs de Cécile et d’Armand sonnèrent à l’unisson. Ils passèrent la journée entière en aveux tendres, en caresses polissonnes, en gestes fripons, jusqu’à l’orgasme partagé à plusieurs reprises au milieu des rayonnages, dans le silence des archives. Cécile et Armand s’étaient découvert un même désir inavoué de relations adultères érotiques, sans engagement, sans avenir, mais avec un présent intense et passionné.
    
    Les jours suivants ils ne furent pas aussi libres, mais des gestes tendres, des baisers profonds furent échangés autant qu’ils le purent. Ils réussirent encore à voler quelques heures tranquilles dans les archives pour convoler vers le septième ciel avant que Cécile ne reparte pour Bragance, des projets de recherche plein la tête et de jolis souvenirs plein le cœur.
    
    Elle laissait un Armand sidéré, passant en revue ses rêves les plus beaux, ses souvenirs les plus érotiques, soudain conscient qu’il n’avait pas ...
    ... été un très bon amant… jusqu’à Cécile. Et Armand sentait monter en lui mille nouveaux désirs secrets. Bien sûr, ces désirs n’étaient pas totalement nouveaux. Ce qui l’était en revanche, était d’avoir découvert qu’une femme pût partager des idées comme celles-là. Il avait toujours pensé qu’il s’agissait seulement d’une perversion masculine qui devait rester de l’ordre de la pensée onirique ; une inaccessible volupté qu’il venait de toucher du doigt.
    
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    Le hasard était ce soir-là bien disposé à l’égard d’Armand qui se demandait comment il allait bien pouvoir rencontrer à nouveau une telle femme. La réponse en effet se présenta dans le métro imprimée sur cinq mètres par quatre, en rose et noir, sur toute la largeur d’une affiche vantant le « premier site de rencontres adultères ».
    
    Le soir même, seul à son bureau, sous prétexte d’écrits importants à accoucher, Armand se concocta un profil, le plus honnêtement du monde, avec en permanence en mémoire l’image de Cécile, de son corps, et surtout de son jubilatoire abandon au plaisir et de l’intense fulgurance de leur relation.
    
    Restait à se trouver un pseudo qui résume tout cela. Armand pensa à « Amant d’un jour », mais, non, il était prêt pour plus d’un jour. Il imagina ensuite maintes périphrases qui lui parurent toutes plus médiocres les unes que les autres. Armand n’avait pas l’habitude de se cacher derrière un pseudonyme, il était adepte de la discrétion, pas de la dissimulation. Il essaya les anagrammes, les noms ...
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