Inspiration
Datte: 29/03/2019,
Catégories:
nonéro,
sf,
Auteur: Hidden Side, Source: Revebebe
... irisée se déploya autour de nous (la voix-off et moi), éclairant chaleureusement ce réduit organique sombre et inhospitalier. Puis, j’ai commencé à pouvoir me déplacer ! Au début, j’avais un peu de mal à diriger mes trajectoires. Mais, au bout de quelques minutes, j’étais comme un poisson dans l’eau !
— Un drôle de poisson, dans une sacré nasse… ! C’est bon, j’me tais. Je – me - tais…
Il n’était que temps ! Soudain, le col vésical s’ouvrit, et je me trouvais brutalement aspiré vers le bas. C’était enfin l’heure de la délivrance ! Je bringuebalais en tous sens, dans ce qui semblait être un corridor sans fin ; vu la longueur de cet urètre, c’était certainement celui d’un homme. Autour de moi, la pression du liquide devenait démentielle ; on était passé en vitesse superluminique…
— Oh ! Papi ! Et si t’éteignais ta loupiotte, non ? Ça f’rait un peu comme « space mountain » !? Bon… c’que j’en dis… C’est juste que ça va lui faire bizarre, au gars, de pisser une luciole.
— Pas faux.
C’est plongés dans le noir que nous avons parcouru les derniers kilomètres. Et puis, nous jaillîmes à l’air libre ! Enfin…
Je m’extirpais tant bien que mal des trombes jaunâtres de cette cataracte liquide, effectuant in extremis un rétablissement qui nous sauva du plongeon dans ce grand lac émaillé de blanc. Ouf !
Je pris (ou crus prendre) une grande bouffée d’air frais. J’avais l’impression de n’avoir jamais rien respiré de plus vivifiant !
Sauvés ! On était sau - vés !!!
— ...
... Sauvés ? On n’a pas encore réintégré ton corps, papi. J’te trouve drôlement optimiste, d’un coup… À mon avis, y’a encore loin de la cuvette aux lèvres.
— Pouah ! Abject moustique ! Ne compte pas sur moi pour t’inviter dans mon enveloppe charnelle, une fois que j’aurai trouvé le moyen de remonter à bord…
Je me concentrais sur la suite des évènements, reprenant rapidement de l’altitude, d’une gracieuse chandelle que n’aurait pas reniée un pilote d’Alphajet. Arrivé à environ trente milles pieds (de coccinelle), j’eus le loisir d’apercevoir, bouchant mon horizon sur 180 degrés, un visage humain, qui m’écrasait de sa masse colossale.
Je lâchai un infime gargouillis de stupeur (à l’échelle de cet homme, du moins). J’avais en face de moi le plus grand sujet d’étonnement de ma vie : l’inénarrable Pierre Richard. Plus exactement, Pierre Richard se triturant le nez pour en extraire un point noir de la taille d’un astéroïde.
— Voyons, réfléchis ! Le vrai Pierre Richard doit avoir plus de soixante-dix ans, aujourd’hui…
— Mais alors, c’est… Pichon ! Non, c’est impossible…
Je me rappelais très bien avoir fait une petite expérimentation sur mon voisin du dessus. C’était au mois de mars. Pour lui, j’avais choisi tout exprès Pierre Richard. Son rôle de comptable dépressif, dans « La chèvre », ça me rappelait tout à fait Pichon !
Les détails me revenaient, petit à petit… Il faut dire qu’il l’avait bien cherché, ce goujat : ses amis et lui avaient fait une de ces foires, ce soir-là ...