1. La cavalcade


    Datte: 21/03/2019, Catégories: fh, sport, campagne, Humour Auteur: Mia Enon, Source: Revebebe

    Assia, ma jument grise, m’a coûté un bon prix mais je ne regrette pas la dépense. Je l’ai mise en pension chez Hector, un vigneron qui exploite un petit domaine à un quart d’heure de la clinique de Beaune où je travaille. Il loue en plus quelques stalles de son écurie. Je vais souvent monter Assia en fin de journée. Je suis infirmière, divorcée et donc libre. Complètement libre même puisque mon amant en titre, un chirurgien, m’a quittée il y a deux mois pour prendre la tête d’un service hospitalier à Paris. Les prétendants à sa succession n’ont pas tardé à se manifester : une belle blonde aux rondeurs fermes au début de la trentaine, cela attire du monde. Et quand elle est comme moi bien dans sa peau, plus d’un voudrait s’y mettre aussi !
    
    Hector fait bien entendu partie des soupirants. Il a d’ailleurs bien des atouts : un grand gars d’à peine quarante ans, rieur et très séduisant. Un peu trop, peut-être. Il a la réputation d’avoir culbuté la moitié des femelles du canton (comme disait Brassens). On dit que sa femme ne passerait pas sous l’Arc de Triomphe tellement elle porte de cornes ! Il est comme par hasard toujours là quand je rejoins Assia et en profite pour me faire gaiement la cour. Le bougre s’y prend bien et réussit le plus souvent à me faire rire, mais je n’arrive pas à me décider.
    
    Jusqu’à ce soir où j’arrive dans la cour de sa ferme au moment où son épouse la quitte pour aller faire des courses en ville. Je trouve Hector dans l’écurie en train de changer ...
    ... la paille des litières. Il me salue gaiement, m’invite à entrer et referme la porte derrière moi. Sous le prétexte d’une bise de bienvenue il m’enlace et me serre contre lui. Manifestement il a décidé de tenter sa chance. Et peut-être l’aurais-je laissé faire si la perspective d’être culbutée vite fait sur une meule de paille avant le retour de madame ne m’en avait dissuadée. Je l’écarte et comme il insiste lui dis que le fumier qu’il a retiré l’a un peu trop parfumé et qu’il devrait d’abord prendre une bonne douche. Il prend ce d’abord comme une promesse, me colle un petit bécot et sort en direction de sa maison.
    
    S’il croit que je vais attendre passivement le retour du mâle triomphant, il se fait des illusions. Je selle Assia et la sors de l’écurie. Du coin de l’œil j’aperçois en m’éloignant au trot Hector devant chez lui, une serviette à la main. Il me crie quelque chose qu’heureusement je ne comprends pas.
    
    Les vignes ont leurs couleurs d’automne, cette soirée d’octobre est exceptionnellement douce et ensoleillée. Je parcours au petit galop coteaux et chemins. Quelle félicité ! Et soudain ma jument dresse les oreilles : elle a entendu avant moi un autre roulement de sabots qui approche.
    
    C’est Hector, sur son grand étalon aubère. Je pique des deux et fonce droit devant moi. Bien entendu il part à ma poursuite. Sa monture est plus rapide que la mienne et il va me rattraper quand nous débouchons sur une grande pâture. Là je retrouve ma chance, ma jument est toute en ...
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