1. Les premiers - Episode 3


    Datte: 21/03/2019, Catégories: aventure, sf, fantastiqu, Auteur: Jean de Sordon, Source: Revebebe

    ... desserrer l’étreinte molle et compacte de la chaleur.
    
    Catherine sentait ces langues de vent lécher sa nuque, courir entre ses omoplates et dans le creux de ses reins, cerner la tête de Hiroko sur sa poitrine. Elle déplaça son coude et assura la main contre sa tempe. La tête du Japonais avait glissé, elle reposait maintenant sur le ventre de la jeune femme qui, peu à peu, émergeait de cette torpeur pleine de charme et interrogeait mollement toutes ces odeurs qui emplissaient sa poitrine. Odeur des herbes, aromatique, brûlante, enivrante ; odeur miellée ou fruitée des arbres, odeur de la terre.
    
    J’ai dormi. Ce que j’ai dormi ! Mais où sommes-nous ?
    
    Elle tourna la tête et les vit. Abraham, Bettina, Hiroko, ses trois compagnons dans l’incompréhensible aventure, encore abrutis de sommeil, abandonnés comme elle sur l’herbe épaisse. Et quelqu’un d’autre, une femme, assise en tailleur à quelques pas de là.
    
    L’inconnue jouait à tresser des brins d’herbe. Elle portait roulée autour des hanches une jupe drapée à motif fleuri. Elle avait les pieds nus, les jambes nues et ne portait rien au-dessus de la taille. Elle avait des cheveux bruns, longs et très brillants, qui lui descendaient jusqu’à la ceinture. Sa peau était brun pâle et ses yeux très bridés. Elle sourit à Catherine. Elle ne mesurait guère plus d’un mètre cinquante, nota la jeune Française, et ses seins quoique bien galbés étaient petits. Elle semblait toutefois formée : les mamelons étaient larges et les aréoles ...
    ... sombres bien que cela pût tenir à son teint de peau.
    
    Catherine scruta du regard les environs : personne d’autre en vue.
    
    — Bonjour, dit-elle.
    
    Ce mot parut éveiller Hiroko qui battit des cils, redressa la tête et considéra avec surprise ce qui l’entourait. Avec un temps de retard, Bettina, puis Abraham ouvrirent les yeux à leur tour. La jeune femme brune aux seins nus continuait à les observer avec intérêt.
    
    — Bonjour à vous, dit-elle à son tour.
    
    Catherine ne fut même pas surprise de l’entendre s’exprimer en français. En vérité, elle en arrivait à un stade où plus rien ne pouvait l’étonner.
    
    — Nous venons d’un autre monde. Nous sommes arrivés par le trou de ver.
    — Ah, c’est Enigma qui vous a amenés ? Je ne savais même pas qu’il vivait encore, celui-là. Plus personne ne se sert de cette vieillerie, dit la jeune femme de sa voix de soprano limpide.
    
    Elle fronça ses fins sourcils, comme attentive à de fins détails qu’ils ne pouvaient imaginer :
    
    — Appartenez-vous à la Première Espèce ?
    — Peut-être que oui, peut-être que non. Qu’est-ce que la Première Espèce ? demanda Hiroko.
    — Vous devez venir d’un endroit bien reculé ou bien sauvage pour ignorer même cela.
    
    Elle concentra pendant quelques secondes son attention sur le délicat travail de tressage puis, braquant à nouveau ses yeux joliment bridés sur les nouveaux venus :
    
    — Là d’où vous venez, avez-vous déjà entendu parler de la Dispersion ?
    — Non.
    — Oui, vous venez d’un endroit bien reculé et bien ...
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