Les premiers - Episode 3
Datte: 21/03/2019,
Catégories:
aventure,
sf,
fantastiqu,
Auteur: Jean de Sordon, Source: Revebebe
... chute, elle eut l’impression de heurter un corps élastique. Il lui sembla rebondir, puis, basculant sur elle-même, elle s’enfonça la tête la première dans la masse gazeuse. Elle agita machinalement bras et jambes. Quelle que fût la nature du milieu où elle se débattait, elle respirait normalement. Elle flottait mollement au sein de cette brume mouvante qui masquait les parois du tunnel. Levant la tête, elle distingua confusément ses compagnons qui comme elle tournoyaient dans ce néant blanchâtre et leur adressa un large signe des bras qui la fit pivoter. Elle se tortilla des hanches et des jambes pour revenir sur le dos… encore que dans cet étrange milieu les notions de haut et de bas fussent très relatives.
Elle toucha le fond sans être en mesure d’assigner une profondeur à ce gouffre, écarquilla les yeux au sein d’un brouillard gris qui ne donnait pas plus la sensation de l’obscurité que celle de la lumière. Tout de suite, elle sentit une pluie de gouttelettes sur son visage comme si la prison de vapeurs se résolvait en eau. Autour d’elle, une chose bizarre se produisait : le brouillard cessait de l’étreindre, dessinait une sorte de niche oblongue de dimensions un peu supérieures au volume du corps de Catherine. Elle leva les yeux, mais ne vit qu’une brume impénétrable : ses compagnons avaient disparu. Elle appela, sa voix résonna comme si elle s’était trouvée sous la voûte d’une cathédrale.
Presque tout de suite, l’espace libre devant elle se déforma maintenant en ...
... une sorte de tunnel étroit et bas qui s’allongeait, creusé par une force invisible. Assez machinalement, elle suivit ce couloir. Au bout de quelques pas elle se retourna et vit que le brouillard gris s’était reformé. Perplexe, elle s’arrêta, mais devant elle le tunnel continuait à se creuser.
— On dirait que je n’ai pas le choix.
Et elle se remit à avancer vers le fond du cul-de-sac de brume. Mais elle avait beau marcher, elle ne se rapprochait pas de cet horizon fuyant, à la fois proche et lointain, au point qu’elle ne put se retenir de se demander si en réalité elle ne faisait pas du sur-place. Elle s’arrêta, en proie au sentiment confus d’impuissance que l’on a dans les rêves, considéra le mur de brouillard toujours aussi distant.
Pendant dix secondes, elle resta immobile, torturée par le doute et l’angoisse et soudain elle se rendit compte que de confuses transformations agitaient la masse grise. Insensiblement, les teintes changeaient ; une image distincte naissait au sein du brouillard, s’annonçait par des altérations d’ombre. Le cœur de la jeune Française se mit à battre plus vite, quelqu’un venait à elle à travers la masse de vapeur. Elle entendit crier son nom et un instant plus tard elle tombait dans les bras de Bettina.
Une voix au timbre doux et feutré s’exprimant avec un léger accent roulant et chantant retentit soudain, émanant de chaque point de l’espace avec une terrifiante uniformité.
— Ces jeunes gens nous permettront peut-être de leur souhaiter ...