Moins par moins donne plus (suite) - Histoires de Sexe

Moins par moins donne plus (suite)

... Mais les chambres sont plongées dans le noir.
— C’n’est pas possible !(Là, c’est Roxane qui commence à comprendre, mais elle corrige aussitôt) Elles s’en seraient aperçues.
— Ce n’est pas ce que dit la journaliste. Elle invoque, le noir, l’alcool, une excitation avant de se coucher. Mais ce n’est pas le plus drôle.

Je tiens mon public en haleine. Les hommes se demandent où je veux en venir ou si ce n’est qu’une simple coïncidence. Je reprends.

— Figurez-vous que les femmes avaient eu la même idée.
— Tu déconnes ! m’apostrophe Pierre.
— Mais non, en tout cas la narratrice affirme que cela s’est bien passé. Le plus drôle, donc, c’est que chaque couple s’est reconstitué sans le savoir. Et cerise sur le gâteau, personne n’a rien remarqué. Chacun était dans son fantasme.
— Ton histoire ne tient pas la route. Si personne n’a rien remarqué, encore que je doute que ce soit possible, alors comment ta narratrice peut-elle en parler ?
— Oh, elle parle d’une bague que porte un homme…

C’est drôle de voir les regards se diriger vers la main de Pierre.

— Et comment se termine cette histoire ?

Roxane est la première à comprendre la situation alors que les hommes semblent perdus.

— La psy du magazine émet deux possibilités. La première, c’est que celle qui a découvert le micmac se taise et garde le secret. Mais elle pense que la femme aura du mal à retrouver une position équilibrée avec les autres. La seconde, c’est qu’elle le dise aux autres. Après la phase ...

... d’étonnement et même d’incompréhension sur la puissance du fantasme et de la suggestion qui leur a fait prendre leur conjoint pour un autre, ils se poseront la question de le refaire en toute connaissance de cause. Ce serait une erreur. La spontanéité ne jouerait plus et leur premier échange réel de partenaire serait décevant.
— Et c’est tout ? Ils doivent faire comme si rien ne s’était passé ?
— Elle ne donne pas de vraie solution. En tout cas, ne pas chercher à reproduire.
— Les pauvres, je les plains. Ce n’est pas humain !

Pierre insiste bien, comme si nous n’étions pas concernés.

— D’une certaine façon, je comprends le conseil. La femme avoue qu’elle se souvient d’une nuit spéciale. Une sexualité différente. Une approche particulière. Un plaisir très fort. Autant physique qu’intellectuel. Le goût du fruit défendu chapardé sans que personne ne sache… Elle a peut-être raison.

Nous nous regardons. Les masques ne sont pas encore tombés, mais chacun sait que l’autre…

— Cela doit être une expérience inoubliable, dit Ruis en parlant à sa femme.
— Sûrement. Inoubliable… répond-elle, songeuse.

Pierre ne dit rien. Il me regarde et en silence articule « coquine ». Sa complicité me décide à continuer.

— Moi, j’ai bien réfléchi à la situation de ces deux couples. Des amis de longue date qui partagent beaucoup de choses depuis qu’ils se connaissent. J’ai imaginé que si les femmes et les hommes avaient eu la même idée au même moment cela voulait dire une chose. Et que cette ...