L'échelle dans le cerisier
Datte: 21/02/2018,
Catégories:
fh,
campagne,
amour,
Oral
pénétratio,
init,
Auteur: Claude Pessac, Source: Revebebe
T’avais mis ta robe légère
Moi, l’échelle contre un cerisier
T’as voulu monter la première
Et après…
La voix de Cabrel m’a réveillé.
Pas au sens littéral du terme : à 136 au régulateur, sur une autoroute quasi déserte, on ne dort pas vraiment, au volant. Mais ajoutez à cette allure monotone, le soleil dans les yeux et l’engourdissement dû à la digestion, l’envie d’une sieste méridienne est évidente et les sens ne sont pas vraiment aux aguets.
Le tempo de la chanson est joyeux, sautillant, simple. Petite mécanique ensoleillée, fraîche et optimiste, les notes dégringolent en chapelets rafraîchissants. En soi déjà, un petit bonheur. Et les paroles !
Instantanément, des images ont envahi mon pare-brise Cinémascope.
Pourtant, je la connais cette chanson. Par cœur. C’est moi qui l’ai collée dans cette playlist de ma clé USB. Une chanson, un texte qui toujours me ramène à Ava. Une serinette joyeuse qui immanquablement éveille des souvenirs émus, des sentiments doux-amers.
Aujourd’hui, allez savoir pourquoi, l’effet est plus fort, plus envahissant, plus prégnant encore que d’autres fois. Aujourd’hui, l’envie de remonter le temps, de savourer à nouveau cette aventure comme on léchouille, attendri, un roudoudou de son enfance, un de cesroudoudous qui nous coupaient les lèvres et nous niquaient les dents. (1)
Cette envie, non, ce besoin, là, est trop fort, trop envahissant pour le laisser s’évaporer. Je mets Cabrel en pause le temps de quitter ...
... l’autoroute, de trouver un champ ou une forêt, de m’arrêter à l’entrée d’une sente.
Pour rêver, me souvenir…
oooOOOooo
Ava, emportée par la pente, avait dégringolé le sentier à toute allure et j’avais dû me poster en travers du chemin pour la ceinturer et lui éviter de finir sa course dans la rivière. Un véritable arrêt de trois-quarts centre, qui avait plaqué la belle tout contre moi. Haletante, époumonée, Ava était restée blottie contre moi quelques instants avant de m’offrir deux bises de salutations et remerciements. Maladresse ou intention délibérée, le second bisou avait plus que frôlé la commissure de mes lèvres et ce contact délicieux avait failli réussir ce que mon arrêt de volée n’avait pas engendré, à savoir me faire tomber à la renverse. Failli seulement ! Eh bien heureusement, car sur les pierrailles du sentier pentu, une chute aurait eu de douloureuses conséquences.
Ava, c’était ma voisine. Ma voisine des grandes vacances. Contrairement à nous qui vivions dans cette campagne toute l’année, la famille d’Ava vivait en Lyon, à quelque deux cents kilomètres de notre fermette-gentilhommière rénovée. Tous les ans, passée la mi-juin, les Tournier débarquaient dans leur maison de famille et y demeuraient jusqu’à la rentrée, mi-septembre. Ava, sa sœur et sa mère du moins, Papou Simon étant seulement présent à partir de la mi-août.
Tous les ans, je la voyais grandie. Au début, lorsque j’avais huit-neuf ans, cette sauterelle électrique m’indifférait totalement, voire ...