L'Algérie (1)
Datte: 26/02/2019,
Catégories:
Gay
Auteur: Calinchaud, Source: Xstory
Pour me remercier de ma brillante réussite au Bac, mes parents avaient décidé de m’offrir un voyage. Ils avaient compris que mes 18 ans passés, le camping sur la Costa Del Sol, de plus en plus bétonnée, ne m’intéressait plus vraiment, ni les destinations touristiques d’ailleurs.
De par le boulot de ma mère, on avait pas mal d’amis Pieds-Noirs, rapatriés une bonne dizaine d’années auparavant, pour la plupart, d’origine oranaise, Nice, d’après eux, ressemblait beaucoup à Oran.
Ils avaient créé une Association d’Expats, qui échangeait beaucoup avec la ville, ayant eu chacun la bonne idée de mettre de côté le passé, même s’il était lourd à porter de part et d’autre. Ainsi chaque été, depuis peu de temps, un groupe se rendait à Oran, souvent chez l’habitant, pour retrouver leur ville natale, leurs souvenirs, et renouer les contacts avec ceux, qui comme eux, avaient fait Fi des douloureux événements.
La Présidente était une très bonne amie de ma mère et je l’appréciais beaucoup. Férue d’histoire, elle me racontait tout ce que ce pays avait vécu, d’une manière très neutre, me disant que dans une guerre, il y avait toujours des victimes des deux côtés.
Je ne sais d’où vient cette citation :
— La guerre est toujours décidée par ceux qui ne la font pas, et faite par ceux qui ne l’ont pas décidée.
Je crois qu’elle était très appropriée à ces années, aussi bien pour les Français que pour les Algériens, la grande majorité des deux peuples n’avait pas désiré ce conflit, ...
... et encore moins dans son atrocité, de part et d’autre. Mais bon, nous ne sommes pas là pour discuter de ça, les historiens s’en chargent très bien.
En tout cas, Lucie m’avait tellement parlé de sa ville, qu’elle m’avait donné envie de la connaître. Elle a proposé à ma mère de m’amener avec eux, je serais, le seul ado, mais elle se chargerait de me trouver une famille avec des jeunes de mon âge et parlant parfaitement le français.
Ainsi fut dit, et ainsi fut fait. Début août, on partait tous à Marseille pour embarquer vers Oran. L’avion existait à l’époque, mais restait quand même très cher, et ils étaient tous nostalgiques du bateau, que certains d’entre eux avaient pris dans des circonstances beaucoup moins agréables.
Nous avions tous le sourire aux lèvres lorsque le navire s’est approché du port, la joie dans le cœur de revoir la ville qu’ils avaient quittée, soit à leur enfance, soit à l’âge adulte, et pour moi, une vraie découverte.
La vue sur la baie était sublime, ressemblant vraiment à Nice sans la Promenade des Anglais et je sentais, au fond de moi, que je commençais à tomber amoureux de cette ville.
Un groupe nous attendait sur le quai, composé de plusieurs familles. C’étaient des embrassades à ne plus finir, avec cette chaleur, cette hospitalité qu’ont en commun tous les Méditerranéens, quelle que soit la rive sur laquelle ils sont nés.
Je restais un peu en retrait, pas très loin de Lucie quand même, quand elle est venue me prendre la main, pour me ...