Pas drôles, les drones ! - Histoires de Sexe

Pas drôles, les drones !

... aussi créer des évènements majeurs en toute impunité.
— Vous nous donnerez un exemple précis ?
— Mieux que cela : nous en avons nous-mêmes fabriqué un. Quelques intrusions dans les systèmes nous ont permis de bouleverser un ordre qui semblait irréversible.

Paula était tétanisée. Elle avait devant elle ceux qui avaient détruit sa vie, et ils venaient lui expliquer comment : la perversion à l’état pur. Elle murmura à son voisin d’une voix blanche :

— Je ne suis pas certaine qu’il soit nécessaire de les laisser continuer. Ils sont en dehors du sujet.

Mais l’expert anglais lui saisit le coude et lui glissa discrètement :

— Laissons-les s’exprimer. Leur approche est originale et mérite d’être entendue. Je suis curieux de savoir comment ils ont mené leur expérimentation.

Et il ajouta à destination des étudiants :

— Je vous en prie, continuez.

La grande jeune femme prit la parole :

— Il fallait d’abord choisir une cible à la fois représentative, simple et particulièrement stable. Nous avions peu de moyens : une famille ou un couple pourraient convenir. Nous en avons étudié plusieurs avant de faire notre choix.
— Sur quels critères ? demanda l’un des membres du jury. Qui sont-ils ?
— Je détaillerai les critères plus tard ; mais vous comprenez que je ne peux pas vous donner leur nom, question de confidentialité.

Paula avait envie de hurler. Ils l’avaient choisie elle et Marc, car ils savaient qu’elle ne pourrait rejeter l’étude sans être accusée de ...

... partialité. Elle intervint sur un ton agressif :

— Vous savez que vous devez obtenir l’accord des sujets pour ce type d’étude ?

L’étudiant en cravate reprit la parole d’un ton parfaitement serein :

— Bien évidemment. Nous l’avons.
— Comment cela ? rétorqua Paula.
— Cela n’a pas été difficile. La demande a été faite par Internet et l’accord a nous été transmis et confirmé par signature électronique. Nous le produirons en cas de litige.

Paula se décomposa. Elle se souvenait d’un mail reçu six mois auparavant qui lui proposait de se soumettre à une expérimentation visant à étudier l’impact des nouvelles technologies sur les cellules familiales. Elle avait accepté avec enthousiasme, heureuse que les théories qu’elle développait fassent l’objet d’études pratiques. Bien évidemment, elle n’avait pas fait le lien avec les sujets des oraux distribués quelques jours plus tôt.

La seconde jeune femme continua :

— Il fallait ensuite trouver la graine qui allait initier le phénomène de déstabilisation. Cela n’a pas été trop difficile non plus : l’affect est depuis des siècles le meilleur levier. Mais il fallait aussi que rien ne puisse l’étouffer, et donc qu’il se développe dans un contexte invérifiable.

Le jury semblait passionné, mais sceptique.

— Enfin, il fallait un vecteur anonyme qui ne permettrait pas de remonter au donneur d’ordre. Il suffisait d’utiliser un drone et de noyer ses informations de vol au sein de serveurs installés aux quatre coins du monde. C’est ...