Travail d'artiste (1/2) - Histoires de Sexe

Travail d'artiste (1/2)

... début de crampe au mollet, je m’effondrai sur le divan et sur Charline, l’écrasant à demi sous mon corps pantelant.

De longues secondes s’écoulèrent avant que je reprenne mes esprits. Je sentis un liquide chaud couler sur ma joue, atteindre ma bouche, y laissant un goût salé. Allongée tout contre moi, les yeux baignés de larmes, Charline sanglotait silencieusement. Un épouvantable sentiment de honte s’abattit sur moi, mes intestins se tordirent douloureusement, une sueur glacée courut le long de mon échine, envahit le creux de mes reins. Qu’avais-je donc fait ? Quel monstre étais-je devenu en l’espace de quelques minutes ?

— Pardonne-moi, murmurai-je, la voix brisée. Pardonne-moi. Je suis une ignoble brute…

Elle secoua la tête et sa réponse se noya dans ses pleurs, entre deux hoquets, tandis qu’elle collait sa joue contre la mienne.

— Je ne sais pas ce qui m’a pris… continuai-je.

Elle m’interrompit :

— Tais-toi. Ne dis rien…
— Je suis désolé… insistai-je en embrassant ses yeux, goûtant le sel de ses larmes.

Elle posa les mains de part et d’autre de mon visage, attirant mes yeux dans les profondeurs humides des siens.

— Promets-moi… commença-t-elle.
— Oui ?
— Tu feras encore l’ignoble brute ?
— L’i…

Je devais avoir l’air parfaitement idiot.

— Allons, ne tire pas cette tête ! dit-elle en riant au milieu de ses pleurs.
— Mais… je… Tu aimes ça ? Vraiment ?
— Pourquoi pas ? fit-elle innocemment.

Cette fois, elle éclata de rire en contemplant ...

... ma mine défaite. Elle renifla doucement, essuya du bout des doigts les larmes qui perlaient encore au coin de ses paupières.

— Mais pas tous les jours, précisa-t-elle. Tu m’as surpris. C’était si différent.
— Mieux ?
— Pas mieux, assura-t-elle. Différent. Différent et surprenant.

Je n’arrivais pas à comprendre. Sans doute étais-jedur à la détente.

— Moi qui croyais t’avoir blessée…
— Blessée ?

Elle rit de plus belle, caressa mes cheveux.

— Tu m’as fait grimper au plafond, ajouta-t-elle.
— N’exagère pas.
— Je suis sérieuse.

Mais alors ? Pourquoi ces larmes ? Le bonheur ? Les remords ? Mais pourquoi se serait-elle émue de cela, tout à coup, alors que la scène à laquelle j’avais assisté me laissait à penser que son comportement de ce début d’après-midi était tout sauf accidentel ?

— Et… tu veux vraiment que je recommence ça ?
— Pas tout de suite ! s’exclama-t-elle en prenant une mine effrayée.

Elle me regarda et partit à nouveau d’un rire clair.

— Si tu voyais ta tête… ajouta-t-elle.

Je songeai à ma crampe naissante et aux petits étirements discrets auxquels je me livrais depuis quelques minutes, à mes pauvres abdominaux en compote et à la sensation de brûlure qui régnait entre mes omoplates, là où ses ongles avaient zébré ma peau.

— Quand tu voudras une nouvelle séance, dis-je, pense à couper tes ongles.

Sa bouche s’arrondit en un « Oh ! », qu’elle recouvrit de ses doigts. Elle s’agrippa à mon cou et se redressa pour regarder par-dessus ...