Palabres et révélations - Histoires de Sexe

Palabres et révélations

... cousins, on ne pouvait nier un certain air de famille.

En tout cas, ces deux-là avaient l’air de très bien s’entendre. Thomas traitait son cousin en grand frère, le houspillant avec la gouaille et l’irrespect d’un caïd. Mais la fierté qui illuminait son regard montrait bien que Marc était pour lui un modèle.

Depuis l’arrivée fortuite du matheux, j’avais un peu de mal à trouver ma place dans la conversation. Les deux hommes parlaient de gens que je ne connaissais pas, prenant des nouvelles de leurs familles respectives et plaisantant en catalan. Je les laissais partager le plaisir des retrouvailles, les écoutant avec une politesse froide. Vu tout ce qu’ils avaient à se raconter, ça devait faire un bail qu’ils ne s’étaient pas vu.

Bref, je commençais à me faire chier. J’en voulus à Marc de ne pas s’en apercevoir.

— Et au fait, tu as des nouvelles de la famille de Manon ? Le vieux s’en est remis ? demanda Thomas, en balançant un caillou qui fit toute une série de ricochets sur les eaux placides du lac.

Je prêtais l’oreille, soudain intéressée.

— Mouais, ça va. À force, il a compris et m’a lâché la grappe.
— Vas-y, raconte !
— J’ai pas trop envie. Et puis, y’a pas vraiment grand-chose à en dire…
— Tu te fous de moi ! Depuis que je suis reparti à Toulouse, j’ai plus suivi l’affaire !
— « L’affaire »… Faut pas exagérer non plus.
— Il y a huit mois, le type hurlait partout qu’il allait te faire la peau, si les gendarmes te collaient pas au gnouf !
— Tiens ...

... donc ! fis-je, avec intérêt. Et on peut avoir des détails ?

En vingt minutes, c’était la première fois que je prenais la parole. Ignorant le regard noir de Marc, je me tournai avec ostentation vers Thomas. Je crois que je tenais là ma petite revanche.

Voyant que le cousin hésitait à se lancer, j’eus l’idée un brin perverse de l’encourager en écartant franchement les cuisses. En l’absence de petite culotte, le tissu du short était plaqué de façon très suggestive sur mon pubis. Je capturai aussitôt toute son attention.

Ma première provocation de la soirée, et je n’en avais même pas honte. Pour ma défense, je me sentais d’humeur légère, ne pensant qu’à exciter l’imagination de mon pompier pour faire cesser sa relative indifférence à mon égard. Si j’avais su…

En tout cas, mon manège fonctionnait à merveille sur Thomas. À présent, rien ne semblait pouvoir arrêter le flot de ses paroles. Tant mieux, car j’étais suspendue aux lèvres de mon voyeur. Autant que lui aux miennes…

— T’es pas au courant ? C’est une histoire de malade ! Imagine, il y a dix-huit mois, en pleine nuit, trois-quatre copains reviennent d’un repas bien arrosé, du côté de Formiguères. Avec eux dans la bagnole, Manon, une blonde super bien roulée, franchement bonasse… Un peu dans ton genre, quoi.
— Thomas ! protesta le pompier, avec une grimace presque comique.

Moi, je me sentais plutôt flattée et je me débrouillai pour le faire savoir à l’étudiant — je sais être expressive, quand je veux…

— ...