Premiers pas - Histoires de Sexe

Premiers pas

... coup, devant la porte, incapable de respirer et encore moins d’aligner trois phrases, je me décidai à faire un petit tour du quartier pour reprendre ma respiration. J’avais toujours été très mauvais pour aborder les filles à l’école, et encore plus pour les draguer. Je pense que je n’étais pas particulièrement laid, mais d’une timidité effroyable, et d’une certaine naïveté qui m’a aussi souvent empêché de voir quelques signes qui paraissaient pourtant évidents. Cela dit, ici, il n’était en théorie pas question de sexe, mais seulement d’une simple présentation amicale. Qui sait, le jour où j’aurais eu besoin de quelque chose, j’aurais toujours préféré aller le demander à quelqu’un d’accueillant qui me connaissait, plutôt que de me présenter à cette occasion, ce qui aurait fait bien trop intéressé à mon goût.

Me voici donc à nouveau devant cette porte, toujours aussi imposante, toujours aussi blindée. Je remarquai qu’il n’y avait pas de sonnette, au contraire des autres portes de l’immeuble. Je frappai donc à la porte. Je savais qu’elle était là car j’entendais la télé et des couverts à l’intérieur. Une voix s’échappa de l’autre côté :

— Oui, qui c’est ?
— Oui, euh… Bonjour, je suis votre voisin du dessus, fis-je, ne sachant pas trop quoi dire.
— Bonjour ? dit-elle en ouvrant la porte.
— Oui, voilà, bonjour, je suis le voisin du dessus… Du troisième étage en fait.

Quand je vous disais que je ne savais pas m’exprimer… Elle me regardait avec un air interrogatif, comme ...

... si elle s’attendait à ce que je lui demande quelque chose. Exactement ce que je voulais éviter, ça tombait plutôt bien. Comme elle ne répondait pas, je repris :

— Euh… je viens pour me présenter, comme je viens de m’installer dans l’immeuble, et que je vous ai croisé à plusieurs reprises et que je risque de vous croiser encore plusieurs fois à l’avenir, je me suis dit que c’était quand même plus sympa de savoir à qui on disait bonjour.

Elle paraissait un peu surprise, ne s’attendait sans doute pas à cela. Toutefois, elle ne semblait pas particulièrement gênée, et s’est mise à sourire. J’ai repris :

— Donc, je m’appelle Julien, je suis enchanté.
— Ah d’accord, eh bien moi c’est Audrey, bienvenue dans l’immeuble alors. Je vous inviterai à dîner un de ces quatre.

Oui, bon, je savais qu’elle avait dit ça plus par politesse qu’autre chose, mais j’ai trouvé au cours de la discussion quel était ce je-ne-sais-quoi qui me stressait derrière cette porte : sa voix. Outre son léger accent dont je ne saurais déterminer l’origine, elle avait la voix un peu rauque, sans doute éraillée par les cigarettes que je la voyais fumer devant l’immeuble le matin, lorsqu’il m’arrivait de sortir tôt, les jours où j’allais au bureau. Alors certes, je suis non fumeur, et une voix trop travaillée par la cigarette me repousse, mais ici l’enrouement était léger, et cela donnait un peu de piquant à son regard lorsqu’elle parlait.

En retournant chez moi, j’étais soulagé, et pourtant je venais ...